Grande-Bretagne, Canada, Mexique... 20 pays ont annoncé la création d'une alliance pour sortir du charbon, jeudi à la conférence climat de l'ONU à Bonn, une manière de répondre au credo proénergies fossiles de l'administration Trump.

Parmi les membres de «l'Alliance pour la sortie du charbon», engagés à éliminer graduellement leurs centrales, figurent l'Angola, la Belgique, la France, l'Italie, les îles Marshall, le Portugal, le Salvador, mais aussi des États américains et des provinces canadiennes (Washington, Alberta...).

«Le marché a changé, le monde a changé, le charbon ne reviendra pas», a dit Catherine McKenna, ministre canadienne de l'Environnement, à l'origine de l'initiative avec le Royaume-Uni.

Cependant les pays de cette alliance représentent une part minime de la consommation charbonnière mondiale, concentrée en Asie (Chine, Inde, Asie du sud-est).

En Europe, le charbon est associé à la prospérité allemande et reste perçu comme incontournable en plein «virage énergétique» décidé en 2011 en Allemagne et marqué par l'abandon du nucléaire d'ici à 2022.

Le charbon, première source d'électricité dans le monde (40%) mais énergie la plus dommageable pour le climat et la qualité de l'air, est au coeur de la bataille contre le réchauffement de la planète.

«Cette alliance est un signal positif de l'élan mondial contre le charbon,» a réagi Jens Mattias Clausen de Greenpeace. «Mais cela met aussi en évidence les gouvernements à la traîne».

À Bonn jeudi, l'administration Trump, qui a choisi de retirer son pays de l'accord de Paris contre le réchauffement, s'est dite «engagée» à limiter les émissions de gaz à effet de serre, à condition que cela ne menace pas la sécurité énergétique ou la compétitivité américaine. «Les principes qui nous guident sont un accès universel à une énergie sûre et abordable, et des marchés ouverts et compétitifs promouvant l'efficacité et la sécurité énergétique, pas seulement pour les États-Unis et à travers le monde,» a dit Judith Garber, secrétaire d'État adjointe envoyée par Washington.

À cette fin, «nous souhaitons soutenir les énergies les plus propres, les plus efficientes, quelles qu'en soient les sources», a-t-elle dit.

«Décision mal avisée» 

Mme Garber s'exprimait trois jours après l'organisation à Bonn par la Maison-Blanche d'une présentation sur l'utilité des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz). Un événement critiqué au sein d'un forum où les défenseurs du climat contestent notamment la possibilité de charbon «propre».

Devant les ministres et délégués climat, Mme Garber a aussi réitéré la position de Donald Trump quant au retrait américain de l'accord de Paris contre le réchauffement. «Le président Trump a énoncé clairement la position des États-Unis quant à l'accord de Paris. Bien qu'il ait indiqué que les États-Unis comptent se retirer dès que possible, nous restons ouverts à l'idée de revenir plus tard sous des termes plus favorables au peuple américain».

Cette position est celle régulièrement exprimée par l'administration américaine, qui n'a cependant jamais précisé ce que pourraient être ces «termes plus favorables».

Deuxième émetteur de gaz à effet de serre au monde, et premier émetteur historique, les États-Unis ne pourront se retirer formellement de l'accord avant novembre 2020.

Mais en attendant, le gouvernement a déjà annulé le «plan pour une énergie propre» de Barack Obama qui visait à réduire les émissions des centrales thermiques, ainsi que les engagements financiers au Fonds vert de l'ONU.

L'accord de Paris adopté en 2015 après plus de vingt ans de tractations, vise à garder le monde sous 2°C de réchauffement par rapport au niveau d'avant la Révolution industrielle.

Todd Stern, l'envoyé spécial pour le climat de Barack Obama, a dénoncé jeudi la décision «mal avisée» de Donald Trump. Présent à Bonn en tant qu'observateur, il s'est dit «plus en colère que triste». «Le changement climatique est un défi énorme, nous le savons tous. Nous sommes engagés dans une course contre la montre pour transformer les économies», a-t-il dit à l'AFP.

À la COP23, présidée par les îles Fidji, les délégués de près de 200 États travaillent depuis le 6 novembre et jusqu'à vendredi à la mise en place des règles d'application de l'accord (par exemple, comment contrôler les engagements nationaux).

Ces travaux doivent aboutir à la COP24, en décembre 2018 en Pologne. Un «dialogue» d'un an doit aussi être lancé pour permettre aux pays de réviser à la hausse en 2020 les engagements climatiques nationaux, à ce stade très insuffisants pour garder la planète sous 2°C.

Selon l'ONU, les engagements actuels des États couvrent à peine un tiers des réductions d'émissions nécessaires.