Une étude publiée aujourd'hui dans le magazine Science révèle que la majorité du miel contient des traces de néonicotinoïdes, ces pesticides largement utilisés en agriculture qui s'attaquent au système nerveux des insectes.

L'équipe européenne qui a mené l'étude a analysé 198 échantillons de miel provenant de partout dans le monde. Au total, 75% des miels contenaient des traces d'au moins un néonicotinoïde. Les sept échantillons canadiens analysés en avaient tous.

«Ce n'est vraiment pas étonnant, dit Benoit Girouard, président de l'Union paysanne et apiculteur. Il faut comprendre le principe même de ce pesticide systémique : il parcourt la plante au complet, donc il se retrouve dans le pollen et le nectar de la plante.»

L'étude, menée par une équipe suisse, a calculé que les miels nord-américains contenaient plus souvent ces pesticides (86%), suivis des miels asiatiques (80%) et européens (79%). Les niveaux de pesticides détectés sont tous sous les limites maximales acceptables pour la consommation humaine.

«Bien que les concentrations de néonicotinoïdes soient en deçà des niveaux considérés par les autorités responsables comme risqués pour la consommation humaine, les abeilles demeurent vulnérables. L'exposition constante à ces pesticides toxiques, aux côtés d'autres facteurs de stress environnementaux, menace nos pollinisateurs et notre sécurité alimentaire», a indiqué Faisal Moola, directeur de la Fondation David Suzuki pour l'Ontario.

Les néonicotinoïdes forment aujourd'hui la famille d'insecticides la plus utilisée dans le monde. Ils sont notamment utilisés dans les grandes cultures pour le maïs, le soya, l'orge, le blé et le canola. L'Europe a déjà interdit trois des substances actives des néonics.

Au Québec, le ministère du Développement durable, de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques a publié un projet de loi l'été dernier pour réduire leur utilisation. Il pourrait être en vigueur dès l'année prochaine.

Le mois dernier, le Groupe de travail sur les pesticides systémiques a publié un rapport basé sur 500 études internationales qui concluait que les néonicotinoïdes sont dommageables pour d'autres insectes.

Selon Benoit Girouard, de l'Union paysanne, la prochaine étape est de faire des tests sur les résidus de ces pesticides chez les humains.