Une organisation ecclésiale catholique a joint lundi sa voix au concert de critiques déclenché par la décision la semaine dernière de Brasilia d'abroger le statut de réserve naturelle de près de quatre millions d'hectares de forêt amazonienne.

Un décret présidentiel a mis fin à cette gigantesque réserve de la taille du Danemark qui pourra être désormais exploitée par des entreprises minières, alors que jusqu'ici l'exploitation en était réservée aux compagnies publiques.

Le Réseau Ecclésial Pan-Amazonien (REPAM), qui dépend du Conseil Episcopal Latino-américain (CELAM), a rejoint les critiques des ONG, des partis politiques, du mannequin brésilien Gisele Bundchen ou de l'acteur américain Leonardo DiCaprio contre le décret du président Michel Temer.

Le réseau catholique «rejette publiquement cette annonce antidémocratique» qui abroge le statut de réserve naturelle de cette zone protégée habitée par des populations indigènes des ethnies Aparai, Wayana et Wajapi.

Le REPAM a pour objectif de protéger la région amazonienne et les communautés vulnérables qui y vivent.

L'ouverture à l'exploitation privée de cette immense zone délimitée en 1984 entre les États du Pará et d'Amapá «va aggraver la déforestation, la perte irréparable de la biodiversité et l'impact négatif pour toutes les populations de la région», a averti le président du réseau, le cardinal Claudio Hummes, dans une lettre rendue publique par la Conférence nationale des évêques du Brésil (CNBB).

Dans cette lettre, qui demande l'annulation du décret, le cardinal brésilien reprend des mots du pape François en 2015 : «Il existe des propositions d'internationalisation de l'Amazonie qui ne servent que les intérêts économiques des multinationales».

En dépit des dénégations du président Temer, la déforestation de l'Amazonie, considéré comme le poumon de la planète, s'accélère.

Le gouvernement Temer est régulièrement accusé par des ONG de brader la forêt amazonienne sous la pression du puissant lobby de l'agro-business et des intérêts des compagnies minières.

Des ONG telles Greenpeace ou le Fonds mondial pour la nature (WWF) ont estimé que le dernier décret est «une tragédie annoncée».