Les pêcheurs sportifs et les autochtones devraient remettre les saumons qu'ils pêchent à l'eau, parce que le nombre de jeunes saumons a chuté du tiers entre 2015 et 2016, probablement à cause de la pêche commerciale au Groenland. Telle est la recommandation de la Fédération du saumon atlantique pour la saison.

Le Québec est la seule province canadienne où l'on autorise la pêche sportive au grand saumon, qui a passé plus d'un hiver en mer.

Elle est aussi interdite aux États-Unis, où seulement 636 grands saumons ont été observés l'an dernier.

« On travaille beaucoup pour adapter les quotas de prises à la ressource », explique Charles Cusson, de la Fédération du saumon atlantique (FSA). « Les stocks de saumons dans les rivières ont chuté brutalement au début des années 90, probablement à cause de la surpêche. »

Ailleurs au pays, le gouvernement fédéral a interdit la pêche au grand saumon depuis 2015. Le Québec a reçu en 1922 le droit de légiférer dans ce domaine.

Plus de remise à l'eau

Les pêcheurs sportifs québécois ont remis à l'eau les deux tiers des saumons qu'ils ont pris, une proportion qui monte à 90 % pour les grands saumons qui ont passé plus d'un hiver en mer.

«La nouvelle génération de pêcheurs veut faire de la remise à l'eau », dit M. Cusson, de la FSA.

« Ça diminue naturellement le nombre de prises de grands saumons. » Le tiers des permis de pêche sportive au saumon se limitent à la remise à l'eau. Il y a 10 ans, seulement 10 % des permis étaient de remise à l'eau.

Seulement 5 % des prises des pêcheurs sportifs sont de grands saumons, contre la moitié de celles des autochtones.

« On a de bonnes discussions avec les conseils de bande, dit M. Cusson, de la FSA. Mais souvent, il y a des problèmes de statistiques. Dans plusieurs réserves, à Restigouche, par exemple, les chiffres officiels de prises n'ont pas changé depuis 20 ans. On ne remet pas en cause leurs droits traditionnels de pêche au filet. Mais s'il n'y a plus assez de saumon pour la pêche sportive, ils vont commencer à manquer de saumons. »

La Presse a contacté jeudi le responsable des communications du conseil de bande de Restigouche, Michael Isaac, qui n'a pas pu nous fournir de documentation ou nous diriger vers un responsable à interviewer.

La pêche autochtone a légèrement augmenté depuis 10 ans, passant de 57 à 69 tonnes, selon M. Cusson.

Règles de 1981

Le saumon a joué un rôle important dans les relations entre le Québec et les Micmacs de Restigouche. En 1981, 375 agents de la Sûreté du Québec et de la Faune ont envahi la réserve, saisi les filets de pêche et arrêté 12 Micmacs, parce que ces derniers refusaient les exigences gouvernementales - une limite de trois jours de pêche par semaine et un arrêt de la pêche le 10 juin.

Après un blocus micmac des routes, paralysant l'industrie forestière, une entente sur la pêche sur trois jours, mais sans date limite a été conclue, avec la promesse d'un financement fédéral pour la gestion autochtone du saumon.

Depuis 2012, au grand dam du Canada, le Groenland a relancé la pêche commerciale du saumon, interrompue depuis 1992. Mais l'an dernier, les prises ne se sont élevées qu'à 27 tonnes, auxquelles il fallait ajouter 4 tonnes en pêche sportive et une estimation de 10 tonnes en braconnage.

L'année record pour la pêche commerciale du saumon au Groenland a été 2014, avec 58 tonnes.

PHOTO JONATHAN HAYWARD, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

« La nouvelle génération de pêcheurs veut faire de la remise à l'eau. Ça diminue naturellement le nombre de prises de grands saumons », indique Charles Cusson, de la Fédération du saumon atlantique.

PHOTO JEAN GOUPIL, ARCHIVES LA PRESSE

Les pêcheurs sportifs québécois remettent à l'eau les deux tiers des saumons qu'ils ont pris, une proportion qui monte à 90 % pour les grands saumons qui ont passé plus d'un hiver en mer.

MOINS DE MADELEINEAUX

Nombre de madeleineaux (saumons n'ayant passé qu'un hiver en mer) qui retournent frayer dans les rivières d'Amérique du Nord:

• 2005 : 520 000

• 2006 : 523 100

• 2007 : 450 400

• 2008 : 566 300

• 2009 : 376 300

• 2010 : 505 350

• 2011 : 613 900

• 2012 : 486 350

• 2013 : 388 100

• 2014 : 479 400

• 2015 : 624 700

• 2016 : 430 900

Source : Fédération du saumon atlantique