Des milliers d'hectares de mangroves ont péri, victimes de la soif, dans l'extrême nord de l'Australie, le plus important phénomène du genre attribué au changement climatique jamais enregistré, ont annoncé mardi des chercheurs.

Quelque 7400 hectares de ces écosystèmes de marais maritimes ont péri dans le Golfe de Carpentarie semi-aride, sur une étendue d'un millier de kilomètres, expliquent des chercheurs de l'université australienne James Cook dans le Journal of Marine and Freshwater Research.

Ce dépérissement - qui se traduit soit par la mort des mangroves soit par leur défoliation - a été confirmé par des observations aériennes et des cartographies satellitaires remontant à 1972, combinées à l'analyse d'archives météorologiques.

Norm Duke, spécialiste de cet écosystème au sein de l'université, a expliqué cet événement, le pire épisode de dépérissement de mangroves dû au changement climatique, par trois facteurs.

«Depuis 2011, la côte connaît une pluviométrie inférieure à la moyenne et la sécheresse 2015-16 est particulièrement sévère», dit-il.

«Deuxièmement, les températures dans la région ont atteint des niveaux record et troisièmement, certaines mangroves se sont retrouvées au sec car le niveau de la mer a baissé d'environ 20 centimètres à cause d'un El Nino (courant équatorial chaud du Pacifique) particulièrement fort».

Le phénomène El Nino se produit tous les quatre ou cinq ans et s'accompagne de manifestations atmosphériques inhabituelles dans le monde entier, causant à la fois la sécheresse et des inondations.

«En fait, elles sont mortes de soif», a-t-il dit.

Forêts de palétuviers présentes sur près des trois quarts des côtes tropicales, les mangroves jouent un rôle majeur pour la préservation des littoraux et la subsistance des populations. Elles protègent les herbiers marins et les coraux en filtrant les ruissellements, elles servent de site de reproduction pour les poissons et absorbent de grandes quantités de carbone présent dans l'atmosphère.

Les scientifiques savent que les mangroves, comme les récifs coralliens, sont vulnérables au changement climatique et surveillent la situation de près, ajoute le Dr Duke.

Les chercheurs estiment que le phénomène de dépérissement s'est produit fin novembre ou début décembre. Des pêcheurs et des scientifiques qui menaient d'autres recherches dans cette région peu peuplée s'en sont aperçus les premiers.

Des gardes forestiers ont remarqué que certaines espèces comme les crabes, qui ont besoin de l'ombre des palétuviers, étaient en train de mourir et que les tortues et les dugongs, qui dépendent de cet écosystème, étaient menacés de mourir de faim.

Environ 7% des mangroves de la planète se trouvent en Australie.