Quelque 60 millions de personnes dans le monde ont besoin d'aide en raison des dégâts provoqués par le phénomène climatique El Niño, mais le manque d'argent pourrait menacer la livraison de nourriture, a déclaré mardi l'ONU.

«Les chiffres sont vraiment alarmants», a dit à la presse le responsable humanitaire de l'ONU, Stephen O'Brien, à Genève.

El Niño est un courant équatorial chaud du Pacifique, qui se traduit par une nette hausse de la température de l'eau en surface. Survenant tous les quatre ou cinq ans, ce phénomène météorologique provoque tempêtes et inondations dans le monde.

L'épisode 2015-2016 a été l'un des plus violents et a causé des dégâts dans 13 pays, en Afrique, en Asie-Pacifique, et en Amérique centrale et du Sud.

Outre les 60 millions de personnes déjà touchées, «des millions d'autres sont en danger», a estimé M. O'Brien, à l'issue d'une réunion avec des représentants de pays touchés et d'organisations d'aide.

En Afrique, des inondations et la sécheresse ont provoqué des famines qui touchent quelque 32 millions de personnes dans la partie méridionale du continent.

L'Éthiopie, qui connait sa pire sécheresse depuis 50 ans, est au «niveau  zéro» de la crise, avec 10 millions de personnes en attente d'aide, a souligné le secrétaire général de Care International, Wolfgang Jamann.

Mais livrer de l'aide à ceux qui souffrent n'est pas une tâche aisée.

L'ONU estime qu'il faut 3,6 milliards de dollars pour faire face aux besoins créés par El Niño. «Jusqu'ici, ce qui a été collecté est bien loin de nos besoins. Aujourd'hui, nous avons un déficit de plus de 2,2 milliards de dollars pour livrer de la nourriture, de l'eau potable, des médicaments de base et des semences, afin de s'assurer que les agriculteurs ne perdent pas leur prochaine récolte», a révélé M. O'Brien.

«Des programmes d'aide d'urgence, comme la distribution de nourriture en Éthiopie, risquent d'être interrompus», a-t-il averti. «Nous avons des semaines, pas des mois, pour redresser» la situation.

Une autre menace plane sur ces pays, qui commencent à peine à panser les plaies laissées par El Niño: La Niña.

Phénomène climatique inverse, La Niña apparait à la suite d'un refroidissement des eaux de surface de l'océan Pacifique.

«Le niveau de préparation et de réponse des communautés est déjà au plus bas en raison de l'impact de El Niño», a expliqué la secrétaire générale adjointe de l'agence de développement de l'ONU, Izumi Nakamitsu. «Donc, si la Niña frappe, les communautés seront de nouveau dévastées et peut-être même encore davantage», a-t-elle averti.