Un nouvel obstacle se dresse sur la route du sénateur Paul Massicotte, qui souhaite réaliser un projet immobilier controversé d'une trentaine de maisons de luxe à Saint-Bruno-de-Montarville.

Le 6 juillet dernier, le ministre de l'Environnement, David Heurtel, a officiellement exigé que le projet domiciliaire La Futaie, dans le bois des Hirondelles, soit soumis à l'article 19 de la Loi sur la conservation du patrimoine naturel. La mesure vise à protéger une plante rare menacée de disparition, le ginseng à cinq folioles.

Le Ministère conclut «que l'intervention projetée risque de sévèrement dégrader un milieu naturel qui se distingue par le fait que ses caractéristiques favorisent la survie du ginseng à cinq folioles, une caractéristique biophysique rare et d'intérêt exceptionnel».

«Mon client s'est montré satisfait de la décision du ministre, affirme l'urbaniste Bruno Bergeron, porte-parole de Paul Massicotte, dans ce dossier. Ça fait quand même 10 ans qu'on attend de réaliser ce projet. Mais on a eu une bonne oreille du Ministère. »

«Pas un refus»

«On ne voit pas du tout cette décision comme un refus [du projet], ajoute M. Bergeron. On a d'ailleurs déposé une demande d'autorisation en vertu de l'article 19.»

Le Ministère confirme avoir reçu la demande le 27 juillet dernier, mais refuse de commenter le dossier. Bruno Bergeron a cependant signalé à La Presse que la nouvelle proposition de son client prévoit de déplacer des plants de ginseng, une mesure jugée controversée par plusieurs experts.

Le maire de Saint-Bruno, Martin Murray, a refusé de commenter la nouvelle avant d'avoir rencontré tous les conseillers de la ville. La conseillère municipale Marilou Alarie, qui a longtemps milité pour la protection du bois des Hirondelles, se réjouit cependant de la décision du ministre. «Je ne vois pas comment M. Heurtel, qui a signé cet avis, pourrait ensuite autoriser ce projet», dit-elle.

«Le sénateur Massicotte est vice-président du Comité permanent du Sénat sur l'énergie, l'environnement et les ressources naturelles. Là, il vient de se faire dire très clairement que son projet ne respecte pas l'environnement. Ce serait bien qu'il en prenne note!», ajoute Mme Alarie.

«L'article 16 de la Loi sur les espèces en péril est très clair, note Philippe Blais, biologiste et président du Conseil régional de l'environnement de la Montérégie. On ne peut pas déplacer une espèce menacée ou altérer son habitat, sauf en de rares exceptions. Ce n'est certainement pas prévu de le faire pour permettre un projet immobilier. En plus, dans le cas du ginseng, les chances de succès [d'un déplacement] sont très faibles.»