Le ministre de l'Environnement du Québec a finalement ordonné la tenue d'une étude sur le projet controversé d'oléoduc Énergie Est, qui transporterait du pétrole albertain vers les provinces maritimes.

David Heurtel a annoncé par voie de communiqué, lundi en fin d'après-midi, que le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) étudierait les enjeux liés au tracé québécois de l'oléoduc.

Le ministère formera d'abord un comité d'experts qui sera approuvé par le BAPE d'ici la fin juin. Ces scientifiques se prononceront sur la viabilité du projet et les conditions que devra remplir l'entreprise TransCanada.

Si elle satisfait tous les critères, TransCanada pourra donc commencer des travaux préliminaires pour «finaliser le tracé de son oléoduc» avec l'autorisation du ministère.

Le BAPE devra ensuite mener une enquête et des audiences publiques pour évaluer notamment les émissions de gaz à effets de serre du projet et son «acceptabilité sociale» au sein des communautés concernées.

Le rapport du BAPE devrait être déposé avant la fin de l'année 2015, juste à temps pour les audiences publiques de l'Office national de l'énergie (ONÉ), rappelle David Heurtel.

Le ministre affirme que le gouvernement veut ainsi être «à l'écoute des citoyens» et «agir de façon responsable».

Le projet d'oléoduc a changé de tracé à plusieurs reprises depuis quelques mois. TransCanada avait d'abord prévu construire un terminal maritime à Cacouna, dans le Bas-Saint-Laurent, avant d'abandonner l'idée le 2 avril dernier en raison de la présence de bélugas dans la région - une espèce en voie d'extinction. L'entreprise envisagerait plusieurs autres sites, dont Bécancour, Lévis et la Baie-des-Sables.

Le chemin initial du projet Énergie Est - réparti sur 4600 kilomètres - prévoyait le transport quotidien de quelque 1,1 million de barils de pétrole des sables bitumineux de l'Alberta vers le Québec et le Nouveau-Brunswick.

L'opposition officielle du Parti québécois demande depuis plusieurs mois le report des audiences de l'ONÉ en attendant que Québec ordonne la tenue de l'étude du BAPE.

En soirée, TransCanada a dit «(appuyer) un processus dans le cadre duquel les autorisations et les permis sont accordés en fonction de faits et d'analyses scientifiques». L'entreprise a ajouté qu'elle avait fait connaître sa volonté de collaborer avec le BAPE dès le printemps 2014. «C'est avec intérêt que nous attendons plus d'informations à propos du processus du BAPE pour cette enquête», a écrit le porte-parole du projet Oléoduc Énergie Est, Tim Duboyce.

L'entreprise s'est aussi dite «persuadée» que les audiences l'aideront à «gagner la confiance des collectivités et leur acceptation du projet».

Du côté de Québec solidaire, la nouvelle a également été bien accueillie. «Les libéraux affichent un préjugé favorable au projet de pipeline Énergie Est et laissent les représentants de TransCanada manoeuvrer avec une campagne orchestrée pour manipuler l'opinion publique. Un BAPE est le strict minimum auquel nous avons droit. Osons espérer que le ministre Heurtel fera preuve d'intransigeance face à une entreprise qui a une très longue pente à remonter pour se refaire une réputation», a déclaré la députée de Sainte-Marie-Saint-Jacques Manon Massé, par voie de communiqué.