Les écologistes sont une fois de plus en colère contre l'Office national de l'énergie du Canada (ONÉ), qui a accordé un délai à TransCanada afin qu'elle puisse justifier la poursuite du processus d'évaluation de son projet d'oléoduc Énergie Est. L'organisme fédéral multiplie les «gaffes» dans ce dossier, selon eux.

Une soixantaine de groupes et organisations environnementales canadiennes exigent de l'Office national de l'énergie qu'il ferme purement et simplement le dossier de l'oléoduc Énergie Est, tant et aussi longtemps que le processus réglementaire n'aura pas été «rectifié», indiquent-ils dans une déclaration envoyée aux médias.

L'Office national de l'énergie a accordé à TransCanada jusqu'au 20 mai pour qu'elle dépose les détails des changements à son plan, à la suite de la décision de l'entreprise d'abandonner son projet de terminal maritime à Cacouna.

Tim Duboyce, porte-parole de TransCanada, affirme que l'organisme fédéral souhaite simplement avoir un complément d'information sur le projet en attendant le dépôt des autres documents à la fin de 2015, a-t-il affirmé lors d'un entretien avec La Presse Canadienne.

À son avis, les opposant au projet Énergie Est vivent «dans un rêve» et ne sont pas tant opposés au projet d'oléoduc en tant que tel qu'au pétrole dans son ensemble.

Les groupes écologistes disent que le processus réglementaire mené par l'Office national de l'énergie dans le dossier de l'oléoduc Énergie Est n'est pas à la hauteur et que l'organisme multiplie les gaffes.

«La demande de TransCanada relative à son projet Énergie Est a été un fiasco total, et pourtant elle a été acceptée et approuvée par l'Office national de l'énergie. C'est tout le système réglementaire fédéral qui doit être réformé s'il veut restaurer sa crédibilité et la confiance des Canadiens», a affirmé Patrick Bonin de Greenpeace, dans une déclaration écrite.

Les écologistes accusent aussi l'Office national de l'énergie d'avoir mis en place un processus de consultation «inadéquat» et de ne pas prendre en compte les préoccupations des citoyens en matière de climat.

«Ce qui est étrange, c'est que l'Office a permis aux personnes qui souhaitaient donner leur opinion sur le projet de s'inscrire avant même que le processus de demande de TransCanada ne soit terminé, sans égard aux dizaines de milliers de Canadiens qui considèrent que les changements climatiques sont un aspect essentiel pour déterminer si ces projets sont d'intérêt national», a indiqué Steven Guilbault, de l'organisme Équiterre.

TransCanada dénonce ce qu'ele qualifie de campagne de «désinformation» à l'endroit du projet Énergie Est, ce qui peut faire peur aux investisseurs. «C'est normal pour un projet de 12 milliards qui traverse le pays qu'on fournisse d'autres informations supplémentaires en cours de route et ça n'empêche personne de présenter ses opinions sur le projet. On travaille avec les gens», a répliqué Tim Duboyce aux groupes écologistes.

Le porte-parole de TransCanada invite les écologistes à proposer des solutions de rechange au pétrole pour la fabrication des ordinateurs, des chaussures et des rondelles de hockey, a-t-il lancé.

Steven Guilbault a répondu que le pétrole devrait effectivement être utilisé pour la fabrication de ce type d'objets, mais de moins en moins dans les transports.

«Il faut garder le pétrole pour des produits pour lesquels il y a peu d'alternatives, alors que dans les transports et l'énergie, il y a des alternatives. Il faut cesser d'investir dans les infrastructures pétrolières. Les nouveaux investissements, il faut les faire ailleurs que dans le pétrole», a-t-il martelé.

Initialement prévue pour la fin de 2018, la mise en service de l'oléoduc Énergie Est a été repoussée à 2020.

Après des mois de spéculations, TransCanada avait confirmé, le 2 avril, l'abandon de son projet de terminal maritime à Cacouna, dans le Bas-Saint-Laurent.

Au début du mois de mai, le président et chef de la direction de TransCanada, Russ Girling, a indiqué que le scénario d'un seul terminal au Nouveau-Brunswick représenterait un «dénouement acceptable» pour l'entreprise qui serait quand même capable de répondre aux besoins de ses clients.

Le tracé initial d'Énergie Est prévoyait le transport quotidien d'environ 1,1 million de barils de pétrole des sables bitumineux albertains à travers un oléoduc de quelque 4600 kilomètres vers le Québec et le Nouveau-Brunswick.