L'envoyée spéciale des Nations unies sur le changement climatique Mary Robinson a appelé mercredi à «changer de cap» pour maîtriser le réchauffement de la planète, à quelques jours d'un sommet à New York.

Plus de 120 chefs d'État et de gouvernement sont attendus pour cette réunion censée donner un nouvel élan aux négociations climatiques, en prévision d'une conférence décisive l'an prochain à Paris.

«Il faut changer de cap, prendre des décisions qui nous ramènent vers un monde plus sûr, où la hausse de température ne dépasse pas 2 degrés Celsius. Or nous n'allons pas dans cette direction», a déclaré Mme Robinson dans un entretien avec l'AFP.

L'objectif des négociations est de s'entendre sur les moyens de limiter à deux degrés Celsius le réchauffement de la planète par rapport à l'ère pré-industrielle. Or selon les scientifiques, si les émissions de gaz à effet de serre se maintiennent au niveau actuel, la planète devrait gagner quatre à cinq degrés à la fin du siècle.

Le président américain Barack Obama expliquera mardi sa stratégie pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et deux autres grands pays pollueurs, la Chine et l'Inde, seront aussi représentés, à un niveau inférieur.

Pékin enverra à New York un de ses vices-Premiers ministres, Zhang Gaoli, et l'Inde son ministre de l'Environnement. Le Premier ministre indien Narendra Modi arrivera à New York plus tard pour s'adresser à l'Assemblée générale de l'ONU.

Tarification du carbone

Mme Robinson minimise le problème: «la Chine sera représentée à un très haut niveau, par un vice-Premier ministre qui est le troisième personnage de l'État et la plus haute autorité sur le changement climatique et le développement».

«Il s'agira du plus grand rassemblement de chefs d'État jamais organisé sur le problème du climat, à un moment où le monde a pris conscience qu'il faut agir d'urgence», souligne-t-elle.

L'ancienne présidente irlandaise a été nommée en juillet par le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon pour préparer le sommet, considéré comme une étape essentielle pour éviter de répéter à Paris l'échec de la conférence de Copenhague de 2009.

Le sommet aura lieu à la veille de la session plénière annuelle de l'Assemblée générale de l'ONU, où les dirigeants mondiaux passeront en revue les crises du moment, de la menace du groupe État islamique en Irak et en Syrie à l'épidémie d'Ebola en passant par le conflit israélo-palestinien.

Mme Robinson «espère que le sommet climatique suscitera un grand élan et quelques surprises et donnera le sentiment que nous pouvons surmonter ce problème majeur». «C'est le problème le plus urgent pour la planète, le plus important».

Bien que le sommet ne fasse pas partie formellement du cycle de négociations climatiques, Ban Ki-moon a demandé aux chefs d'État et de gouvernement présents de dévoiler leurs plans d'action et de prendre des engagements afin de faciliter un accord à Paris en décembre 2015.

Selon Mary Robinson, la réunion va déboucher sur des initiatives concrètes, dont une déclaration sur la tarification du carbone et des partenariats dans des secteurs comme l'agriculture, les obligations vertes ou la forêt.

«Il y aura une déclaration sur le carbone à laquelle se rallieront un grand nombre d'États et d'entreprises importantes», a-t-elle indiqué. Cette déclaration ne fixera pas un tarif unique mais aidera à faire admettre l'idée qu'il faut faire payer les émissions de dioxyde de carbone (CO2).

Mme Robinson participera aussi dimanche à New York à une grande Marche pour le climat où les organisateurs attendent 150 000 personnes.