Pour la première fois depuis plusieurs années, Montréal vit un été sans smog. Un temps venteux ainsi que l'absence de canicule et de grands incendies de forêt ont empêché la formation du smog.

Mais la fermeture de plusieurs centrales au charbon en Ontario et dans le Midwest américain a aussi pu améliorer la qualité de l'air des Montréalais.

«Jusqu'ici, la qualité de l'air a été très bien cet été, affirme Diane Boulet, chimiste responsable du Réseau de surveillance de la qualité de l'air à la Ville de Montréal. On n'a eu aucun jour de smog cette année, comparativement à cinq l'an dernier.»

Il y a bien eu un avertissement de smog le 25 juillet, lancé par Environnement Canada, mais celui-ci ne s'est pas concrétisé.

Pour déclarer un épisode de smog à Montréal, on doit observer une mauvaise qualité de l'air pendant au moins trois heures d'affilée sur trois des quatre grands secteurs de l'île de Montréal.

Ces dernières années, il y a eu entre deux et huit jours de smog l'été. Cette année, il pourrait y en avoir aucun, bien qu'il reste encore un mois à la saison officielle.

En été, le smog est une combinaison de polluants qui réagissent ensemble sous l'effet du soleil et de la chaleur pour créer des gaz irritants et nocifs.

Parmi ces polluants, plus de la moitié provenaient de l'extérieur de la région: 30% de l'Ontario et 30% des États-Unis, estimait-on dans les années 90.

Mais la situation a changé depuis.

Ce printemps, l'Ontario a fermé sa dernière centrale thermique au charbon. C'est le résultat d'une décision du premier ministre Dalton McGuinty. Il y a 10 ans à peine, l'Ontario produisait 25% de son électricité avec le charbon.

«Il va y avoir un impact, c'est sûr, affirme Mme Boulet. Il est trop tôt pour établir une tendance, mais chaque élimination à la source contribue à l'amélioration de la qualité de l'air.»

Efforts ontariens

Ce n'est pas la seule amélioration côté ontarien. Selon une récente étude de l'Université de Toronto, d'autres sources de pollution ont aussi été jugulées chez nos voisins, grâce à la réglementation sur les peintures et vernis et à une meilleure surveillance des émissions industrielles. Les dispositifs antipollution des automobiles se sont également améliorés.

D'ailleurs, Toronto vit lui aussi un été sans smog cette année, a rapporté récemment le Toronto Star.

Par ailleurs, aux États-Unis, le resserrement de la réglementation climatique ordonné par le président Obama a commencé à provoquer la fermeture de dizaines de centrales au charbon dont la pollution pouvait atteindre le sud du Québec et de l'Ontario.

Cependant, selon une enquête récente de USA Today, ce sont les plus petites centrales, particulièrement inefficaces, qui ont été touchées d'abord.

Au cours des prochaines années, des centrales de plus en plus grosses devraient fermer à leur tour et le bilan devrait encore s'améliorer.

Le déclin du charbon est aussi associé au boom du gaz de schiste aux États-Unis. Le bas prix du gaz naturel exerce une forte concurrence sur le charbon.

Selon André Bélisle, de l'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA), le bilan de cette substitution pourrait être mitigé.

«Cinq centrales au charbon de moins en Ontario, c'est majeur, dit-il. Mais c'est relié à une utilisation grandissante de gaz de schiste, alors le gain est diminué par les émissions en lien avec cette industrie.»