Des écologistes et des juristes critiquent la décision du gouvernement fédéral de ne pas inclure des produits chimiques toxiques utilisés dans la fracturation hydraulique dans sa liste de polluants rejetés dans l'air, le sol et les eaux du pays.

«Le gouvernement ne sait pas exactement quels produits chimiques sont utilisés dans la fracturation hydraulique et, par conséquent, ignore les risques que ces produits pourraient poser», a déploré mercredi Joseph Castrilli, de l'Association canadienne du droit de l'environnement.

«Ils sont dangereux et sont abondamment utilisés à travers le pays.»

Plus tôt ce mois-ci, Environnement Canada a publié une liste mise à jour des produits chimiques inclus dans l'Inventaire national des rejets de polluants. Cet inventaire énumère les sources et quantités émises de 363 produits chimiques dangereux.

Trois groupes environnementaux avaient demandé au ministère d'inscrire sur la liste les produits toxiques utilisés dans la fracturation hydraulique, pour l'extraction du gaz et du pétrole de schiste.

Un récent rapport américain a révélé que 750 produits chimiques différents sont utilisés dans la fracturation hydraulique, dont au moins 29 sont considérés toxiques ou cancérigènes. Une étude du Conseil des académies canadiennes conclut par ailleurs que le silence entourant ces produits nuit à la compréhension des impacts environnementaux de la fracturation hydraulique, qui permet l'extraction de pétrole et de gaz autrement inaccessibles en fracturant les roches par le moyen d'injections à haute pression d'eau et de produits chimiques.

L'Association canadienne des producteurs pétroliers a appuyé, dans des documents publics et des rencontres avec le gouvernement, la divulgation des produits chimiques utilisés dans ce processus. L'Alberta et la Colombie-Britannique l'exige déjà, mais elles excluent de cette obligation les substances considérées comme étant des secrets commerciaux.

Environnement Canada juge que les produits chimiques en question ne sont pas utilisés assez régulièrement ou en assez grandes quantités pour faire partie de l'inventaire national.

«Les quantités de substances (répertoriées) qui sont utilisées dans les puits individuels n'atteindraient probablement pas les seuils de déclaration pour les substances individuelles», peut-on lire dans un document publié sur le site web du ministère.

Le document ajoute que «l'(inventaire) est un outil clé pour identifier et surveiller les sources de pollution au Canada, mais il ne fournit pas des renseignements sur tous les polluants ni sur toutes les sources de pollution».

Des détracteurs accusent Environnement Canada d'ignorer les effets cumulatifs possibles des produits toxiques et de ne pas tenir compte du fait que, bien que la fracturation hydraulique ne se fasse pas de manière continue sur aucun des sites, cela ne signifie pas que les émissions ne sont pas continues.

«À tout moment, des fracturations hydrauliques se font quelque part au pays», a souligné M. Castrilli.

«Nous savons que plusieurs (des produits chimiques) sont toxiques, a ajouté Keith Stewart, de Greenpeace. Des inquiétudes sont soulevées à travers le continent quant à la possibilité qu'ils soient rejetés dans l'eau potable. Il s'agit d'un cas simple de droit du public à l'information.»

Environnement Canada a déclaré qu'il prévoit continuer à étudier cet enjeu et le rapport du Conseil des académies canadiennes, publié en avril.