Un militant russe condamné à trois ans de camp après avoir dénoncé l'impact sur l'environnement des travaux de préparation des JO de Sotchi a entamé une grève de la faim pour dénoncer cette affaire qu'il estime montée de toute pièce.

Evgueni Vitichko refuse de s'alimenter depuis que le tribunal régional de Krasnodar (sud-ouest) a rejeté son appel et confirmé mercredi sa condamnation à trois ans de camp, a indiqué lundi l'association régionale de défense de l'environnement du Caucase du Nord (EWNC) dans un communiqué.

«Evgueni a déclaré qu'il a entamé une grève de la faim le 12 février en signe de protestation contre ces décisions judiciaires injustes», a écrit EWNC, qualifiant de son côté les accusations contre lui de «fabriquées de toutes pièces».

M. Vitichko, membre de cette association et géologue, avait été condamné en 2012 à trois ans de prison avec sursis pour avoir fait un trou dans une clôture entourant une résidence appartenant au gouverneur régional, érigée dans une zone protégée.

Lors de cette action, des militants de l'association EWNC avaient aussi inscrit sur la clôture, avec une bombe de peinture, «C'est notre forêt» ou encore «Sania est un voleur», utilisant le diminutif du prénom du gouverneur, Alexandre Tkachev.

La peine de M. Vitichko avait été commuée en prison ferme fin 2013 pour non-respect des obligations du sursis.

Cette condamnation a été confirmée le même jour que la publication d'un rapport auquel avait participé M. Vitichko, qui dénonce l'impact sur l'environnement des gigantesques travaux de préparation des Jeux olympiques, un projet cher au président Vladimir Poutine.

Prisonnier de conscience

Samedi, le Comité international olympique (CIO) a affirmé que la condamnation du militant n'était «pas liée aux JO», qui battent actuellement leur plein à Sotchi, entre les bords de la mer Noire et les montagnes du Caucase.

Le porte-parole du CIO, Mark Adams, a précisé avoir reçu des informations des autorités russes en ce sens.

«Sur ce cas particulier, nous avons eu des assurances qu'il n'était pas lié aux Jeux», a-t-il souligné.

Mais Amnistie internationale a de son côté condamné la décision du tribunal régional de Krasnodar et qualifié M. Vitichko de «prisonnier de conscience».

Cette décision de justice est «le dernier épisode dans la campagne menée par les autorités russes (...) pour museler l'un des critiques les plus actifs et respectés», a écrit Amnistie, appelant à sa libération immédiate.

Militant tcherkesse arrêté

Par ailleurs, dans une autre affaire, la police de Krasnodar a arrêté un militant tcherkesse, Asker Sokht, dirigeant une association défendant les droits de cette minorité ethnique, après qu'il a lui aussi émis des critiques sur les JO.

M. Sokht a été arrêté vendredi et placé en détention pour huit jours, pour avoir «désobéi à la police», a indiqué Maikop Khase, une autre association tcherkesse.

«Il est évident que derrière les prétendues accusations de hooliganisme et de désobéissance, se cachent en réalité ses déclarations critiques sur les Jeux olympiques de Sotchi», a indiqué le groupe sur son site internet.

Les Tcherkesses, qui sous le régime tsariste au XIXe siècle avaient été contraints de quitter la région de Sotchi, se sont opposés à la tenue des JO dans cette ville.

Des militants, dont M. Sokht, avaient indiqué la semaine dernière dans les médias que les organisateurs des Jeux auraient pu rendre hommage à cette minorité lors de la cérémonie d'ouverture le 7 février, comme ce fut le cas lors des Jeux d'hiver de Vancouver en 2010.

L'emblème de ces Jeux avait notamment été l'inukshuk, un empilement de pierres traditionnel rappelant une forme humaine et utilisé par les populations autochtones du Canada.