Jugeant que cela ne pose pas de risques pour l'environnement et la santé humaine, le gouvernement fédéral a approuvé la production commerciale d'oeufs de saumon génétiquement modifié.

La décision de la ministre de l'environnement Leona Aglukkaq a été annoncée discrètement dans la dernière édition de la Gazette officielle du Canada, samedi dernier, mais l'entreprise américaine AquaBounty Technologies l'a claironné hier dans un communiqué.

Les oeufs sont produits dans un laboratoire de l'Île-du-Prince-Édouard et sont envoyés dans une ferme d'aquaculture au Panama pour y être élevés.

« C'est une étape importante pour nous, mais si ça ne change rien pour l'instant », a indiqué un porte-parole de l'entreprise, hier.

AquaBounty a modifié les gènes du saumon atlantique, la principale espèce de saumon d'élevage dans le monde, afin qu'il grandisse plus vite.

Sa technologie brevetée permet aux saumons génétiquement modifiés de grandir deux fois plus vite que la normale.

Jusqu'à maintenant, le laboratoire canadien était limité aux applications expérimentales. Il peut maintenant passer à la phase commerciale. L'autorisation canadienne « ouvre la voie à une augmentation de la production », affirme AquaBounty dans un communiqué.

Cependant, ce saumon qui s'est attiré le sobriquet de « Frankenfish » n'a pas encore été approuvé pour la consommation humaine. 

L'agence américaine de surveillance de l'alimentation (FDA) doit se prononcer bientôt sur le sujet. Les autorités canadiennes devront en faire autant éventuellement.

Et avant même d'être autorisé, le saumon transgénique n'a pas la cote. Plusieurs grandes chaînes d'alimentation, dont Target aux Etats-Unis, ont répondu à l'appel de Friends of the Earth et annoncé qu'ils n'en achèteraient pas.

Dans son évaluation, le gouvernement canadien souligne que le risque demeure élevé en cas d'un relâchement accidentel de saumons dans la nature. Ceux-ci pourraient contaminer les stocks sauvages et compromettre l'espèce, qui est déjà menacée de disparition.

L'entreprise assure que ces risques sont non-existants, compte tenu que l'élevage se fait en circuit fermé, contrairement à l'aquaculture de saumon traditionnelle, qui se fait dans des cages flottantes en mer. 

Selon Pêches et Océans Canada (MPO), le risque d'un relâchement accidentel d'oeufs à cause d'une défaillance physique des installations de l'Île du Prince-Édouard sont « négligeables ».

Cependant, si un tel relâchement devait se produire, poursuit le MPO, les risques de contamination seraient limités par le fait que les oeufs de saumons AquaBounty ne produisent que des femelles stériles. Cependant, à l'échelle de la production commerciale, il peut y avoir jusqu'à 5% des individus qui soient en fait fertiles.