Les 30 militants de Greenpeace détenus depuis deux mois par les autorités russes pourraient passer encore 90 jours en prison.

C'est du moins ce que demande le Comité d'enquête russe, quelques jours après le transfert des détenus de Mourmansk à Saint-Pétersbourg.

L'équipage et les passagers de l'Arctic Sunrise, le brise-glace de Greenpeace, ont été arrêtés en haute mer dans l'océan Arctique le 18 septembre dernier, alors que des militants montaient à l'assaut d'une plateforme de forage de la société Gazprom afin d'y accrocher une banderole.

Ils sont accusés de piraterie et de hooliganisme. Ils risquent de 7 à 15 ans d'emprisonnement.

Il y a deux Canadiens parmi eux: le capitaine en second Paul Ruzycki et le matelot Alexandre Paul.

«Le Comité d'enquête a déclaré qu'il allait demander une prolongation de trois mois de la détention provisoire des 30 militants de Greenpeace, pour complément d'enquête, a indiqué Greenpeace. Les requêtes vont être examinées la semaine prochaine lors d'une audience à Saint-Pétersbourg.»

Selon ce que rapporte l'Agence France-Presse, il n'a pas été possible de confirmer hier cette information auprès du Comité d'enquête.

Les détenus recueillent de plus en plus d'appuis, de la part de grands organismes internationaux et de personnalités, dont un groupe de 11 Prix Nobel de la paix.

Mais les 19 pays dont ils sont issus ont réagi très différemment à l'arrestation et la détention de leurs ressortissants.

Ce qu'on fait les pays pour aider leurs ressortissants

ROYAUME-UNI

Deux détenus

Le Foreign Office est intervenu auprès de l'ambassadeur russe au Royaume-Uni et le secrétaire aux Affaires étrangères William Hague a abordé le sujet avec son vis-à-vis russe Sergei Lavrov. Au Parlement, le premier ministre David Cameron a affirmé qu'il était disposé à interpeller Vladimir Poutine à ce sujet, si cela pouvait aider le sort des détenus.

ÉTATS-UNIS

Deux détenus

Aucune réaction officielle. L'ex-secrétaire d'État Hillary Clinton a affirmé qu'il devrait y avoir «un plus grand tollé international au sujet de l'arrestation par la Russie des militants de Greenpeace».

CANADA

Deux détenus

Aucune réaction officielle. Un des deux Canadiens détenus, Alexandre Paul, est québécois. L'autre, Paul Ruzycki, est ontarien. Le ministre québécois des Relations internationales, Jean-François Lisée, a abordé le sujet deux fois avec le ministre John Baird. Le bureau du Québec à Moscou a offert son aide à Greenpeace Québec pour acheminer, si nécessaire, l'argent de la caution pour faire libérer Alexandre Paul.

ARGENTINE

Deux détenus

Le Sénat argentin a adopté à l'unanimité une motion demandant la libération de Camila Speziale et Hernan Pérez Orsi, ainsi que des 28 autres détenus.

BRÉSIL

Un détenu

La présidente Dilma Rousseff a affirmé le 10 octobre dernier qu'elle avait demandé à son ministre des Affaires étrangères d'interpeller les hautes autorités russes et de donner sa «pleine assistance» à Ana Paula Macial.

PAYS-BAS

Deux détenus

Les Pays-Bas ont saisi le Tribunal international du droit de la mer de l'affaire. Le bateau de Greenpeace, Arctic Sunrise, est enregistré dans ce pays. Le gouvernement néerlandais demande la libération de tout l'équipage et aussi du navire. La Russie a signifié qu'elle ne participerait pas à ce procès.

FRANCE

Un détenu

Le premier ministre français Jean-Marc Ayrault a demandé à la Russie de poser un «geste humanitaire» à l'égard de Francesco Pisanu, à l'occasion d'un sommet franco-russe à Moscou le 2 novembre dernier. Demande aussitôt rejetée par son homologue russe Dimitri Medvedev.

UNION EUROPÉENNE

Deux détenus italiens, un Danois, un Polonais, un Suédois

L'Union européenne, par la voix de son commissaire Janez Potocnik, un Slovène, a appuyé les démarches des Pays-Bas pour faire libérer l'Arctic Sunrise et son équipage. M. Potocnik a ajouté qu'il ne «fallait pas perdre de vue l'enjeu sur lequel ils voulaient attirer l'attention». «Les changements climatiques ont déjà un impact significatif sur l'environnement arctique et l'exploitation des ressources naturelles dans la région comporte un risque additionnel si elle n'est pas faite... avec toutes les précautions nécessaires», a-t-il déclaré au Parlement européen.

FINLANDE

Un détenu

Le président finlandais Sauli Niinistö a discuté de la situation avec le président russe Vladimir Poutine en septembre. Son ministre des Affaires étrangères Erkki Tuomioja travaille par les canaux diplomatiques, de concert avec les Pays-Bas, pour faire libérer la militante Sini Saarela.

Aucune réaction officielle des pays suivants:

Nouvelle-Zélande (2), Suisse (1), Maroc (1), Ukraine (1), Australie (1), Turquie (1)

Note: Trois des trente détenus ont une double nationalité.

PHOTOMONTAGE LA PRESSE/GREENPEACE

Les deux Canadiens détenus en Russie sont l'Ontarien Paul Ruzycki et le Québécois Alexandre Paul.