Des espèces en péril risquent la disparition si le gouvernement fédéral n'accélère pas drastiquement l'élaboration de plans de sauvetage, prévient le commissaire à l'environnement dans un rapport publié mardi.

Neil Maxwell, le commissaire par intérim, affirme qu'Ottawa ne respecte ni ses objectifs, ni ses engagements, ni même ses obligations légales en matière de protection de la faune et de la flore. Pendant ce temps, des populations d'oiseaux sont en déclin et plusieurs indices portent à croire que la santé des écosystèmes du pays est en péril.

« En ce qui concerne les espèces en péril, c'est vraiment une question de maintenant ou jamais », a prévenu M. Maxwell en conférence de presse mardi.

Retards, retards, retards. Le commissaire par intérim critique la manière dont le gouvernement fédéral protège les plantes, animaux et poissons qui se trouvent sur la liste des espèces en péril. Pour chacune de ces espèces, Ottawa doit suivre d'abord produire un programme de rétablissement, suivi d'un plan d'action.

Or, constate M. Maxwell, le gouvernement fédéral a rempli ces deux étapes pour à peine 7 des 518 espèces en péril.

Pendant ce temps, illustre le commissaire, la population de bélugas a chuté de 12% en 10 ans. Celle du bison des bois a baissé de 90% alors qu'un plan d'action se fait attendre depuis six ans. 

Le commissaire se montre particulièrement critique à l'égard d'Environnement Canada.

« À en juger par le nombre de programmes de rétablissement qu'Environnement Canada a produits chaque année depuis notre dernier audit, nous estimons qu'il faudra au Ministère environ 10 ans pour réaliser les programmes qui manquent à l'appel, y compris ceux attendus l'an prochain », constate-t-il.

Oiseaux migrateurs

L'échec est autrement plus préoccupant en matière de protection des oiseaux migrateurs, dénonce M. Maxwell. Ottawa s'était donné jusqu'à 2010 pour produire 25 stratégies régionales de conservation. Trois ans plus tard, moins de la moitié de ces plans sont terminés.

« La planification de la conservation effectuée par Environnement Canada pour les autres groupes d'oiseaux est inadéquate, écrit-il. Les tendances indiquent que certaines populations de ces oiseaux, par exemple les oiseaux de rivage, les oiseaux de prairie et, de façon encore plus marquée, les insectivores aériens qui s'alimentent d'inspectes en vol - connaissent un déclin important. »

Aires protégées

Le commissaire dénonce également des lacunes importantes dans la gestion des réserves de la faune et des refuges d'oiseaux migrateurs. Les plans de gestion de ces vastes territoires - équivalents à la taille du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse réunis - sont « désuets », juge-t-il. Même Environnement Canada reconnaît que dans 90% des cas, ils sont « inadéquats ».

Ce constat est troublant, juge M. Maxwell, car des examens ont établi que 70% des réserves de faune et 55% des refuges d'oiseaux ne sont pas dans un état adéquat.

Accueil positif

Le gouvernement Harper a accueilli les conclusions du commissaire Maxwell avec un long communiqué qui ne fait aucune référence aux critiques formulées dans le rapport.

« Notre gouvernement poursuit son rôle de dirigeant dans les questions liées à l'environnement, et nous apprécions le fait que le commissaire reconnaisse les progrès effectués dans des domaines essentiels qui revêtent une importance pour les Canadiennes et les Canadiens, notamment la diversité biologique », a déclaré la ministre de l'Environnement, Leona Aglukkaq. 

Une réaction qui a suscité des railleries de l'opposition.

« Les conservateurs se bercent d'illusions en matière d'environnement, a raillé la députée du Nouveau Parti démocratique, Megan Leslie. Ils vont extraire une phrase qui dit qu'il y a des arbres dans un parc et vanter leur succès dans la protection des arbres, mais ils ne regardent pas le reste du rapport.  

Le Bloc québécois affirme que le gouvernement Harper cherche à retirer au gouvernement du Québec la responsabilité de protéger le saumon de l'Atlantique. Le rapport du commissaire fait donc sourciller le député Jean-François Fortin.

« À la lecture du rapport, personne ne peut croire que le fédéral ferait mieux, a indiqué le député. Qu'Ottawa se concentre sur ses propres problèmes et laisse le Québec poursuivre son approche reconnue. »