On dénombre pas moins de 300 millions de litres de déversements miniers depuis cinq ans, a calculé la Coalition pour que le Québec ait meilleure mine.

Le groupe d'environnementalistes a présenté cette compilation vendredi matin à la commission parlementaire qui étudie le nouveau projet de loi sur les mines

Plus de 12 déversements accidentels sont survenus au Québec depuis 2008. À eux seuls, cinq grands incidents ont causé des déversements de 275 millions de litres. Ils ont contaminé des lacs et rivières, principalement en Abitibi et sur la Côte-Nord.

«Et aucune de ces minières n'a encore été pénalisée», dénonce Ugo Lapointe, porte-parole de la Coalition.

Un exemple récent de déversement: l'usine de bouletage de la minière américaine Cliff Ressources près de Sept-Iles, qui a perdu 450 000 litres de mazout il y a deux semaines. Près de 5000 litres ont coulé jusqu'à la baie de Sept-Iles. Plusieurs accidents ont aussi eu lieu sur la mine du Lac Bloom, près de Fermont, de la même entreprise. En mai 2011, un important déversement a touché 14 lacs en aval.

Deux changements sont urgents, plaide Ugo Lapointe. Il faut d'abord rendre les amendes dissuasives. Le projet de loi déposé par le gouvernement péquiste les ferait augmenter de trois à 10 fois, ce qu'il salue. Mais il faudra ensuite se donner le moyen de les appliquer.

Manque d'effectifs

Selon un mémoire présenté plus tôt cette semaine par le Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec, il y aurait une pénurie d'inspecteurs. On compte actuellement de cinq à six personnes affectées au contrôle environnemental pour les mines en Abitibi, au Nord-du-Québec et dans la Côte-Nord. Cette petite équipe doit garder l'oeil sur 23 mines actives, 37 projets miniers et des centaines de sites d'exploration, déplore le syndicat.

Sur la Côte-Nord, il n'y a que 1,2 inspecteur pour surveiller quatre mines en développement ou exploitation, et une production annuelle de plus de deux milliards de dollars. Selon les chiffres dévoilés par Québec lors d'une audience du BAPE, on dépense 73 000 dollars par année en salaire et frais de déplacement pour couvrir le développement minier sur la Cote-Nord, un territoire presque aussi vaste que la France.

«Dans le Nord-du-Québec, là où se retrouvent plus de 90% des projets miniers, il n'y a pas d'inspecteur en environnement», rappelle le syndicat, qui demande la fin du système «d'auto-inspection, d'autodéclaration et d'enquête après plainte».

La ministre des Ressources naturelles, Martine Ouellet, a indiqué à La Presse qu'elle se pencherait sur cette situation.