Le recyclage du verre est durement perturbé et une partie du verre recyclé par les citoyens prendra le chemin des lieux d'enfouissement avec la fermeture de l'usine Klareco à Longueuil, annoncée hier.

Cette filiale du groupe Gaudreau Environnement traitait 70% du verre des centres de tri municipaux au Québec, confirme Jeannot Richard, vice-président innovation à Recyc-Québec.

«C'est évident que Klareco était un conditionneur d'importance, dit M. Richard. Ça crée un refoulement dans les centres de tri. Il y aura plus de verre qui ira dans les lieux d'enfouissement.»

«Actuellement, il n'y a pas d'autre débouché, dit Taraneh Sepahsalari, directrice générale de la Régie de récupération de l'Estrie. De toute façon, on a toujours utilisé une partie du verre pour les chemins dans les centres d'enfouissement.»

Dans un communiqué daté d'hier, Klareco invoque son «incapacité à assumer les frais rattachés au traitement du verre» et l'échec de son projet de relocalisation.

L'usine de Klareco, qui employait 75 personnes, a été achetée pour 5,4 millions il y a deux ans par la Ville de Longueuil, qui compte la démolir. L'installation est considérée comme une nuisance et sa fermeture était prévue pour le 30 avril.

Selon la Ville de Longueuil, le prolongement des activités aurait été possible moyennant le paiement de pénalités prévues au contrat.

Pour Karel Ménard, du Front commun québécois pour la gestion écologique des déchets (FCQGED), la fermeture de Klareco n'est que la plus récente conséquence des mauvais choix du Québec dans le domaine du recyclage de verre.

M. Ménard croit qu'on devrait instaurer une consigne pour les contenants en verre, en particulier les bouteilles de vin, comme c'est le cas dans huit autres provinces canadiennes.

«Ça démontre l'inefficacité de la collecte sélective pour ce qui est du verre», dit-il.

Il rappelle que le verre a une faible valeur, et cette valeur faiblit encore plus lorsque les différentes couleurs de verre sont mélangées, comme c'est le cas actuellement. En plus, le verre est compliqué à traiter et contamine les autres matières, comme le papier et le carton.

Mettre le verre à la poubelle?

«Ç'a été une erreur de mettre le verre dans le bac de récupération et ça s'est aggravé avec la collecte pêle-mêle», dit-il.

Avec la fermeture de Klareco, vaudrait-il mieux mettre le verre à la poubelle? «C'est une question qui mérite d'être posée», dit M. Ménard.

«Les citoyens devraient garder leurs bonnes habitudes», rétorque M. Richard, qui assure que plusieurs projets soutenus par la société d'État pourront créer de nouveaux marchés à moyen terme pour le verre.

Il cite l'exemple de Tricentris, qui dessert Gatineau et une partie de la couronne nord de Montréal, et qui prévoit incorporer le verre dans la fabrication de béton. «Si on met la consigne sur les bouteilles de vin, cela va diminuer les volumes de verre disponibles pour les investissements de ce type.»

La fermeture de Klareco sera un nouvel élément à considérer dans l'étude actuellement en cours, commandée par l'ancien ministre de l'Environnement Pierre Arcand, et qui doit comparer la collecte sélective et la consigne.

Mais pour Karel Ménard, le constat est clair. «Il faut arrêter de tergiverser et de faire des études, dit-il. Le verre coûte cher aux centres de tri, il cause des problèmes aux autres filières et la consigne est très efficace.»

145 000 Tonnes recyclées actuellement, dont 75% par la collecte sélective municipale

57% Verre provenant de la collecte sélective de la SAQ

90% Taux de récupération pour les bouteilles de la SAQ

60% Taux de récupération pour l'ensemble du verre