La production de gaz de schiste pourrait doubler au cours des 20 prochaines années au Canada, mais on ignore encore le niveau de toxicité des produits chimiques utilisés pour la fracturation hydraulique.

Le sujet inquiète particulièrement le commissaire à l'environnement et au développement, Scott Vaughan, qui a déposé mardi son dernier rapport aux Communes.

Il existe pas moins de 200 000 puits de fracturation hydraulique au pays, et pourtant, Ottawa ne sait toujours pas quelles sont les substances chimiques contenues dans les fluides injectés sous forte pression dans le sol afin d'en libérer les combustibles.

«Si vous n'êtes pas sûrs des risques par exemple sur la santé, on doit faire attention, on doit (prendre) des précautions», a plaidé Scott Vaughan en conférence de presse.

Les citoyens sont également préoccupés, comme en témoignent les trois pétitions distinctes reçues par le commissaire à l'environnement à cet égard.

Au Québec, les projets de fracturation hydraulique font actuellement l'objet d'un moratoire. Mais le gouvernement fédéral doit lui aussi jeter un oeil sur le dossier, puisque la toxicité des substances chimiques est de son ressort.

L'absence de données inquiète le commissaire, alors que ces agents chimiques pourraient poser de sérieux risques pour la santé des gens vivant près des exploitations. Conséquemment, le gouvernement «ne peut savoir si les Canadiens sont adéquatement protégés», a déploré M. Vaughan.

Il faut comprendre que les activités d'exploration et de forage jouissent actuellement d'une exemption de l'exigence de déclarer le rejet de polluants à Environnement Canada. Une décision «politique», a signalé M. Vaughan.

Le chef néo-démocrate a d'ailleurs interpellé le premier ministre sur le dossier à la période de questions en Chambre.

«Le gouvernement rendra-t-il obligatoire pour les compagnies de divulguer les produits chimiques dangereux utilisés dans la fracturation hydraulique, oui ou non?», a demandé Thomas Mulcair.

Selon Stephen Harper, le Canada n'accuse pas de retard dans ce domaine. «Le Canada a un plan de gestion des substances chimiques d'importance mondiale et évaluera les substances utilisées à cet égard», a-t-il noté. Pour l'instant, cette divulgation est volontaire.

Le chef conservateur a également soulevé que l'exploitation des gaz de schiste était de compétence provinciale.

Sur cet aspect, le commissaire est sans équivoque: «Environnement Canada et Santé Canada sont clairement responsables de l'évaluation et de la protection en ce qui concerne les Canadiens et l'exposition aux substances toxiques», a-t-il soutenu.

Pour illustrer le niveau de danger que représente cette industrie, M. Vaughan a donné en exemple une communauté de la Nouvelle-Écosse où l'on a trouvé non seulement des polluants, mais aussi des isotopes radioactifs dans des bassins résultant des activités de fracturation hydraulique.

La production actuelle de gaz de schiste est actuellement concentrée en Alberta et en Colombie-Britannique, puisque le Québec et la Nouvelle-Écosse attendent les conclusions d'examens environnementaux avant de poursuivre dans cette direction.