Le sommet Rio+20 devait s'engager vendredi à promouvoir une «économie verte» épargnant les ressources naturelles de la planète et éradiquant la pauvreté, pendant que les critiques fusaient sur son absence d'objectifs contraignants et de financement.  

Vingt ans après le Sommet de la Terre qui avait imposé l'environnement sur l'agenda mondial, le sommet sur le développement durable, précédé par des mois de discussions et de négociations, devait s'achever vendredi à Rio sur la ratification d'un compromis a minima mis au point par le Brésil, pays hôte.

Quelque 190 pays de l'ONU devaient signer ce texte, intitulé «Le monde dont nous voulons».

Celui-ci a été salué par le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-Moon comme étant un «très bon document, une vision sur laquelle nous pourrons bâtir nos rêves».

La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton s'est elle aussi félicitée du résultat: «nous nous sommes ligués autour d'une déclaration finale qui marque une avancée réelle pour le développement durable».

La tonalité était très différente au sein de la société civile, très en colère. Des milliers de militants ont clamé leur déception pendant les trois jours du sommet, dénonçant l'«échec» et le manque d'ambition de Rio+20.

Pour Kumi Naidoo, directeur général de Greenpeace International, «on remet en ordre les fauteuils sur le pont du Titanic alors qu'il est en train de sombrer».

«Les attentes étaient très faibles, mais le résultat est encore plus maigre... Ce fut une occasion manquée», a estimé Manish Bapna du centre de réflexion américain World Resources Institute (WRI) Hanté par l'échec de la conférence de Copenhague en 2009 qui s'était achevée sur un fiasco retentissant, pays riches et pauvres se sont accordés sur une série de promesses pour guérir les plaies de la planète.

La longue liste de maux inclut la faim, la pauvreté, et aussi la désertification, l'appauvrissement des océans, la pollution et la déforestation, le risque d'extinction de milliers d'espèces...

«Nous chefs d'État et de gouvernement (...) renouvelons notre engagement envers le développement durable et envers un avenir économiquement, socialement et écologiquement durables pour notre planète et pour les générations présentes et futures», commence le projet de déclaration.

Le principal acquis est la décision de lancer des «Objectifs du développement durable» (ODD) sur le modèle de ceux du Millénaire adoptés en 2000 par l'ONU. Leur définition est toutefois laissée à un groupe de travail qui devra faire ses propositions en 2013, pour une mise en place à partir de 2015.

Ces objectifs devront être «en nombre limité, concis et tournés vers l'action», selon la déclaration.

Rio+20 prône une «économie verte», modèle de développement moins destructeur pour la planète dont la population devrait passer de sept milliards aujourd'hui à 9,5 milliards en 2050.

Mais en raison des craintes des pays pauvres que ce concept ne cache un protectionnisme déguisé des pays riches, la déclaration souligne que «les politiques d'économie verte» doivent «respecter la souveraineté nationale de chaque pays» et ne pas constituer «une restriction déguisée au commerce international».

Le financement est resté en suspens : en temps de crise, et avec des budgets à sec, les pays riches n'ont plus les moyens de mettre la main à la poche. La proposition des pays en développement d'un fonds de 30 milliards de dollars est restée sans suite.

Rio+20 encourage ainsi de nouvelles sources de financement - entreprises, partenariats, etc.- ainsi que des «financements innovants», sans les détailler.

«Il est facile de dire que le document est sans ambition. Mais personne n'a mis de ressources supplémentaires sur la table. J'ai vu les pays en développement prendre des engagements, mais aucun pays riche ajouter des ressources», a dénoncé la ministre brésilienne de l'Environnement Izabella Teixeira.