Une constellation d'écologistes, de militants pour les droits de la personne, de gens d'affaires et de représentants des Premières Nations est montée au front pour dénoncer la refonte des lois fédérales sur l'environnement, hier, pendant que l'opposition multipliait les recours pour bloquer le projet de loi mammouth qui les imposera d'un trait.

Quelque 500 organismes ont lancé hier la campagne «Silence, on parle». Ils ont noirci leurs sites web pour s'opposer au projet de loi C-38 du gouvernement Harper.

Ce projet, qui permettrait l'adoption du budget, comprend plus de 450 pages et modifierait une soixantaine de lois et de règlements existants. Plusieurs d'entre eux touchent la protection de l'environnement (voir ci-dessous).

D'autres réformes prévues dans le même projet de loi sont perçues comme une attaque en règle contre les groupes écologistes. Elles les empêcheraient de mener des activités politiques lorsqu'ils reçoivent des dons à des fins de bienfaisance.

«Ce qui m'effraie avec C-38, dit Steven Guilbeault, d'Équiterre, c'est que le gouvernement s'accorde des pouvoirs immenses. L'Agence de revenu du Canada va pouvoir suspendre le statut de bienfaisance d'un organisme sous simple soupçon de non-conformité. Il me semble que la dernière fois que j'ai vérifié, on vivait toujours dans un État de droit.»

«La seule chose en commun de tous ces changements aux règles environnementales, c'est que leur affaiblissement était dans la liste de souhaits de l'industrie pétrolière», a ajouté Rick Smith, directeur du groupe Environmental Defence. Mais le gouvernement conservateur persiste et signe: selon lui, les réformes renforceront la protection de l'environnement. Il a dépêché 10 ministres partout au pays pour vanter son projet de loi.

«Ce n'est pas un choix entre les emplois et l'environnement, a déclaré le ministre des Ressources naturelles, Joe Oliver. La direction que prend notre gouvernement est claire: assurer la prospérité des Canadiens tout en renforçant la protection de l'environnement.»

Aux Communes, hier, les parlementaires de l'opposition ont arboré un carré blanc, auquel ils ont superposé un carré noir, clin d'oeil au désormais célèbre carré rouge des étudiants québécois.

La chef du Parti vert, Elizabeth May, a invoqué le règlement en espérant convaincre le président de la Chambre de rejeter le projet de loi C-38. Andrew Sheer a pris l'affaire en délibéré.

Un sous-comité parlementaire chargé d'étudier les réformes environnementales a déposé un rapport favorable, hier, mais le Nouveau Parti démocratique et le Parti libéral se sont dissociés de cette conclusion.

«Je pense que tout tourne autour du pétrole, a dénoncé la critique néo-démocrate en matière d'environnement, Megan Leslie. Depuis le début, je dis que c'est un projet pipeline. N'importe quelle barrière qu'ils peuvent imaginer, ils ont tenté de s'en débarrasser.»

Le chef libéral Bob Rae a pour sa part dénoncé la «culture de l'intimidation» mise en place par les conservateurs.

«Ce sont tous des exemples qu'on voit d'un gouvernement qui n'accepte pas les critiques, qui n'accepte pas les autres points de vue, et qui est en train d'intimider tous ceux qui parlent contre le gouvernement», a-t-il affirmé.