L'Inde a dénoncé mercredi l'instauration par l'Union européenne d'une taxe sur la pollution aérienne, la jugeant comme «une cause de rupture» dans les discussions sur le changement climatique. Une déclaration condamnée par la Commission européenne.

«Pour le ministère de l'Environnement, oui, les mesures unilatérales de l'Union européenne sont une cause de rupture pour les discussions», a estimé la ministre indienne Jayanthi Natarajan, devant des journalistes à New Delhi.

«Nous ne sommes pas de cet avis», a répondu depuis Bruxelles Isaac Valero, porte-parole de Connie Hedegaard, la commissaire responsable du Climat.

«Nous ne voyons pas en quoi l'initiative européenne constituerait une cause de rupture. Nous estimons qu'elle vise à encourager la mise en place de systèmes similaires pour inclure le secteur de l'aviation dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre», a-t-il expliqué.

«L'initiative européenne ne concerne qu'une petite partie du secteur du transport aérien indien, à savoir les vols à destination et au départ de l'Union européenne», a-t-il rappelé.

«Tout le monde dit vouloir réduire les émissions émissions de gaz a effet de serre, mais cette volonté n'est pas partagée par certains», a-t-il déploré.

«Nous connaissons la position de la ministre indienne, ce n'est pas une nouvelle», a-t-il conclu.

Mme Natarajan s'est durement opposée à l'Union européenne lors de la conférence sur le Climat à Durban en décembre 2011.

Un froid jeté sur le débat du réchauffement

Une législation européenne, entrée en vigueur sur le papier le 1er janvier 2012, oblige les compagnies opérant dans l'Union européenne, quelle que soit leur nationalité, à acheter l'équivalent de 15% de leurs émissions de CO2, soit 32 millions de tonnes, pour lutter contre le réchauffement climatique.

Cette législation suscite de nombreuses protestations: 26 des 36 membres de l'Organisation de l'aviation civile internationale y sont opposés. Outre l'Inde, la Chine, les États-Unis, et la Russie veulent notamment interdire à leurs compagnies aériennes de payer la taxe.

Connie Hedegaard tente de désamorcer les critiques. «Un vol de Pékin à Francfort par exemple coûterait environ deux euros de plus par passager», affirme-t-elle. «Autrement dit, des montants inférieurs au prix d'un café à l'aéroport.»

Elle doit également batailler pour maintenir un front uni entre les pays de l'Union européenne, incités par Airbus et leurs compagnies aériennes a renoncer à cette loi pour leur éviter d'être victimes de mesures de rétorsion commerciales.