Quelque 20 000 participants au Forum mondial de l'eau ont ouvert lundi à Marseille une semaine de réflexions et d'échanges pour faire avancer l'accès universel à l'eau potable et à des sanitaires correctes alors que plus de deux milliards de personnes en sont toujours dépourvues.

«Les défis sont immenses et les faits tenaces», a reconnu le premier ministre François Fillon, dans son discours d'ouverture devant un parterre de chefs d'État et de gouvernement, ministres et représentants de l'industrie et de la société civile de 140 pays. Il a invité à «réfléchir aux moyens de rendre cet accès universel en 2030».

Plus de deux milliards d'êtres humains vivent toujours sans eau salubre et «les morts déplorés chaque année à cause des risques sanitaires que cela entraîne se comptent en millions», a rappelé M. Fillon.

«C'est une situation qui n'est pas acceptable», a-t-il dit, appelant «la communauté internationale à se mobiliser pour y remédier».

Les précédents forums à l'initiative du Conseil mondial de l'eau (ONG, gouvernements et organisations multilatérales) ont essentiellement établi des diagnostics sur l'accès à l'eau dans le monde. Celui de Marseille s'intitule «Le temps des solutions».

Selon le 4e rapport de l'ONU sur l'eau dans le monde, présenté lundi par l'ONU au forum, l'accroissement de la population -qui passera à 9 milliards en 2050-, et le réchauffement climatique aggravant inondations et sécheresses, menacent ces ressources si rien n'est fait.

La question de la bonne gouvernance a été désignée comme l'une des priorités des engagements qui devraient être pris à l'issue de l'édition 2012 du rendez-vous mondial triennal sur l'eau.

François Fillon s'est fait une nouvelle fois l'avocat d'une gouvernance mondiale de l'eau inscrite dans celle de l'environnement à la même échelle. «Il n'y a aucune raison qu'il y ait une organisation mondiale du commerce et pas une telle organisation de l'environnement», a-t-il martelé.

Écoles avec robinets et latrines

Les ONG écologistes et de solidarité avec les pays pauvres, qui se réuniront en Forum alternatif de jeudi à samedi dans la cité phocéenne, se sont mobilisées contre les tendances de «marchandisation de l'eau» notamment par les grands groupes industriels. Dans une déclaration qui sera remise jeudi aux responsables du Forum officiel, ces militants plaident pour la création d'un tribunal international de l'eau à l'image du TPI de La Haye compétent pour les crimes contre l'Humanité.

«Promettez-nous que demain il n'y aura plus d'écoles sans robinets et latrines», ont lancé deux adolescents maliens invités à partager leur quotidien à la séance d'ouverture. «La soif pour nous c'est le feu qui brûle la gorge après trois heures d'attente devant le puits, c'est l'angoisse quand le bétail commence à mourir après trois mois de sécheresse», ont-ils témoigné.

L'Afrique reste la plus mal lotie en matière d'accès à l'eau potable (40% de la population en manque toujours), selon l'ONU. Et les conséquences du réchauffement climatique ne feront qu'y accentuer la pression sur les ressources naturelles, rappellent les experts.

«Le changement climatique est une menace réelle et croissante. Sans une bonne politique de prévention et d'adaptation des centaines de millions de personnes risquent la faim, les maladies, pénuries d'énergie et la pauvreté», selon l'ONU.

Pour répondre à la hausse de 70% de la demande alimentaire afin de nourrir les 9 milliards d'humains attendus en 2050, la consommation mondiale d'eau pour l'agriculture devrait bondir de 20%, selon l'ONU.