Un an après l'accident nucléaire de Fukushima au Japon, un groupe d'une soixantaine de manifestants a simulé une catastrophe nucléaire hier à Champlain et demandé le déclassement de la centrale de Gentilly-2. Ils ont libéré des ballons gonflés à l'hélium qui représentaient symboliquement un nuage de particules radioactives. Pour les opposants au nucléaire, la seule centrale nucléaire du Québec est dangereuse et représente un gouffre financier sans fond.

La brève manifestation a eu lieu juste devant la centrale nucléaire, de l'autre côté du fleuve Saint-Laurent. En plus des ballons représentant les particules radioactives, le groupe de manifestants a lancé dans le ciel des ballons-sondes munis d'émetteurs GPS afin de suivre l'évolution du nuage nocif.

De plus, des militants ont distribué dans un rayon de 45 km de la centrale des tracts d'informations à la population. «Cela représente la zone d'exclusion pour la culture de légumes par le ministère québécois de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation si un accident arrivait», explique Sébastien Bois, porte-parole de l'organisme CentricoisES et mauricienNEs pour le déclassement nucléaire.

Si la zone d'exclusion est d'un rayon de 45 km pour l'agriculture, elle est de 8 km pour les humains. «Les patates sont plus importantes que les humains», n'hésite pas à affirmer Sébastien Bois. «L'accident de Fukishima a nécessité l'évacuation de 150 000 personnes et la zone d'exclusion est de 40 km, non de 8 km. Et des accidents nucléaires arrivent régulièrement.»

«Un an après Fukishima, on dit plus jamais», scandait le directeur général de Nature Québec, Christian Simard. «Nous voulons la fermeture de Gentilly-2. Il n'y a pas de chance à prendre avec le fleuve Saint-Laurent.»

Christian Simard demande aussi au gouvernement québécois de ne pas exploiter l'uranium au Québec afin de fournir les autres pays comme la France. «M. Charest, nous voulons un Plan Nord sans uranium.» D'ailleurs, des membres du groupe Sept-Îles sans uranium, qui s'oppose à l'exploitation du métal radioactif sur la Côte-Nord, ont participé à la manifestation d'hier à Champlain.

Monique Meunier était aussi de la manifestation d'hier avec ses trois enfants. Quelques années après l'explosion de la centrale de Tchernobyl en 1986, elle a eu de graves conséquences sur sa santé, soutient-elle. Victime d'un gonflement de la glande thyroïde et de l'apparition de nodules, cette immigrante belge est maintenant farouchement opposée au nucléaire.

«J'ai dû subir l'ablation de la glande thyroïde et mon médecin était catégorique. C'est le nuage de particules nucléaires de Tchernobyl qui est responsable», mentionne-t-elle. «Au Québec nous n'avons pas besoin du nucléaire.»

Les positions concernant Gentilly-2 de l'ancienne députée bloquiste de Trois-Rivières, Paule Brunelle, sont bien connues. Elle a demandé à plusieurs reprises à la Chambre des communes le déclassement de la centrale nucléaire. Elle estime que l'explosion des coûts des travaux à la centrale de Point Lepreau au Nouveau-Brunswick, qui dépasse maintenant le milliard de dollars, démontre que la possible réfection de la centrale québécoise serait «une mauvaise décision d'affaires».

«C'est également un grand risque pour l'environnement», explique l'ancienne députée résidente de Champlain qui s'inquiète également du possible transport sur le fleuve Saint-Laurent de déchets nucléaires de l'Ontario. «C'est inquiétant. Les conséquences pour le fleuve seraient très importantes.»

Sébastien Bois est convaincu qu'Hydro-Québec n'ira pas de l'avant avec la réfection de Gentilly-2. Les coûts trop importants décourageront, selon lui, la société d'État. «Si Hydro-Québec va de l'avant avec la réfection, la mobilisation prendra de l'ampleur.»