Les Américains ont plus tendance à croire au réchauffement climatique quand le mercure monte et que des phénomènes climatiques extrêmes se manifestent, d'après un nouveau sondage universitaire rendu public mardi.

Selon le sondage mené par l'université du Michigan et le collège Muhlenberg, 62 pour cent des personnes sondées en décembre ont dit croire que la Terre se réchauffe. Au printemps 2011, 55 pour cent des sondés avaient dit croire au réchauffement climatique, contre 58 pour cent en décembre 2010.

Près de la moitié des personnes qui ont dit croire au réchauffement climatique ont affirmé qu'elles s'appuyaient sur leurs observations personnelles de la météo. Mais selon les experts du climat, cela revient à tirer les bonnes conclusions à partir de raisons qui ne sont pas tout à fait justifiées.

Interrogés sur les raisons qui leur font croire que la Terre se réchauffe, le quart des répondants ont affirmé qu'ils avaient constaté une hausse des températures, tandis qu'un autre quart des répondants ont cité d'autres changements climatiques. Un répondant sur sept a mentionné la fonte des glaciers et un répondant sur huit a cité la couverture des médias. Seuls huit pour cent des répondants ont mentionné les recherches scientifiques.

Le sondage a été mené du 4 au 8 décembre, après une année record pour les désastres naturels aux États-Unis, avec notamment des tornades meurtrières, un ouragan inhabituel qui a touché la côte nord-est, une sécheresse dévastatrice dans le sud-ouest et des inondations le long de plusieurs cours d'eau majeurs.

Mais le sondage a eu lieu avant le début officiel de l'hiver. Les répondants n'avaient donc pas encore été affectés par la douceur du climat hivernal cette année dans plusieurs régions des États-Unis.

Chris Borick, directeur de l'Institute of Public Opinion au collège Muhlenberg, a affirmé qu'après les deux précédents hivers, pendant lesquels les États-Unis ont reçu beaucoup de neige, la croyance au réchauffement climatique avait chuté de façon significative. Un nouveau sondage qui doit être mené dans quelques semaines reflétera probablement des opinions basées sur les dernières tendances hivernales.

Les scientifiques du climat affirment que les variations de la météo au quotidien ne sont pas des preuves du réchauffement climatique. Mais ils soulignent que les changements climatiques à long terme sont si extrêmes que les gens les reconnaissent.

«Je suis content que les Américains croient aux thermomètres», a lancé Andrew Weaver, scientifique du climat à l'université de Victoria, au Delaware. «Les gens se fient à ce qu'ils vivent personnellement. Ils confondent la différence entre la température et le climat. Ce n'est pas inattendu. C'est la nature humaine.»

Même s'il s'agit d'une erreur de penser que les événements climatiques extrêmes à court terme - comme les inondations ou les sécheresses - sont causés par le réchauffement climatique, le réchauffement rend bel et bien de tels événements plus fréquents, indique M. Weaver.

Dans le sondage rendu public mardi, 78 pour cent des démocrates, 55 pour cent des indépendants et 47 pour cent des républicains ont dit croire qu'il y avait des «preuves solides» du réchauffement climatique. Parmi ceux qui ne croyaient pas à l'existence des changements climatiques, 81 pour cent se sont dits persuadés que les scientifiques exagéraient les preuves dans leur propre intérêt.

Le sondage a été mené auprès de 887 personnes et comporte une marge d'erreur de plus ou moins 3,5 points de pourcentage.