Un convoi de déchets très radioactifs doit quitter prochainement la Manche pour Gorleben, en Allemagne, et les écologistes espèrent mobiliser en France, en plein débat sur le nucléaire, alors que plusieurs manifestations ont déjà eu lieu outre-Rhin.

Selon Greenpeace et Sortir du nucléaire, le train, dont le départ a été avancé d'une journée, doit partir mercredi vers 14H20 du terminal ferroviaire Areva de Valognes (Manche), commune située à 36 km de l'usine de retraitement Areva à Beaumont-Hague.

La date d'arrivée du convoi est plus incertaine. Lors du dernier transport de déchets allemands, en 2010, le train avait mis plus de trois jours pour atteindre son terminus ferroviaire, après notamment avoir été bloqué trois heures à Caen et une nuit en Allemagne par des militants antinucléaires.

Areva de son côté confirme seulement que ce transport de onze emballages (équivalent d'un wagon) est «en préparation». Il s'agit du 12e et dernier convoi de déchets vitrifiés prévu de la Hague à Gorleben.

Selon Greenpeace, «neuf» des onze camions transportant les déchets sont arrivés à Valognes. Areva confirmait vendredi que les transferts routiers étaient en cours.

En Allemagne, plusieurs journées d'actions nationales ont déjà été organisées contre ce qu'on appelle outre-Rhin les «Castors» - du sigle qui désigne ces conteneurs en anglais: Cask for Storage and Transportation of Radioactive Material. Elles ont rassemblé plusieurs milliers de personnes à travers tout le pays, mais moins que pour le précédent convoi en novembre 2010.

Lors d'une conférence de presse à Hanovre mercredi, la police allemande a indiqué tabler sur une mobilisation inférieure à celle de l'an passé mais a dit s'attendre à plusieurs dizaines de milliers de manifestants.

Près de 19 000 policiers allemands seront mobilisés pour ce train, a indiqué la police. L'an passé près de 20 000 hommes avaient été mobilisés.

En France, alors que le retraitement des déchets nucléaires est au coeur des tensions entre les socialistes et Europe Ecologie les Verts (EELV), les militants anti-nucléaires espèrent mobiliser contre «ce commerce toxique et inacceptable».

Un collectif «Valognes Stop Castor», dont les membres requièrent l'anonymat, a appelé à «bloquer» le train et à participer à un «camp» à Valognes à partir de mardi matin sans donner de lieu exact.

L'actualité des derniers jours ne fait «que renforcer la détermination à s'en prendre directement aux intérêts de l'industrie nucléaire», a indiqué le collectif dans un communiqué vendredi.

Greenpeace et EELV, qui sont contre le blocage du train, appellent à manifester mardi à 18H00 à Valognes. Le Réseau Sortir du nucléaire qui soutient le camp et les actions sera présent également.

Plusieurs centaines de militants sont espérés par les écologistes. Les forces de l'ordre parlent d'un «très gros dispositif» sans plus de précisions.

«Ce convoi, c'est plusieurs fois la radioactivité libérée lors de la catastrophe de Tchernobyl ou de Fukushima», a déclaré Laura Hameaux, de Sortir du nucléaire.

Le train comporte 11 wagons de déchets, et trois wagons type voyageurs dont deux occupés par les forces de l'ordre, selon elle.

«Ce train est une forteresse roulante», répond Julien Duperray, porte-parole d'Areva chargé des transports, «à vide, les castors pèsent 102 tonnes pour 14 tonnes de chargement dans un emballage métallique de 40 cm d'épaisseur».

Les emballages «résistent à tous les tests de sûreté», chute de neuf mètres sur surface indéformable, incendie de 800 degrés ou immersion de 200 mètres, a-t-il ajouté.

Areva organise plus de 750 transports nucléaires par an au départ et à l'arrivée de La Hague dans le but de fabriquer des combustibles de «recyclage» que les écologistes pensent inefficaces et dangereux.