L'École de forestière de La Tuque n'a jamais eu autant d'élèves, mais ils se précipitent dans les spécialités qui permettent de sortir de la forêt.

«Maintenant nos élèves viennent pour notre formation d'opérateur de machinerie lourde, dit Gilles Renaud, directeur de l'école. Ils peuvent aussi bien travailler sur le déneigement, les mines ou même la construction. Notre deuxième formation qui marche, c'est protection et exploitation de territoire faunique.»

«Mais là, on dit aux gens: il va y avoir de la job en forêt dans les prochaines années. Il manque de relève.»

Sylvain Laroche est l'un des rares à avoir choisi le programme traditionnel de foresterie. «Ça a l'air qu'on va nous courir après quand on va finir notre cours», dit-il.

Simon Turcotte est directeur des opérations forestières à la Coopérative forestière du Haut-Saint-Maurice. La pénurie et le désintéressement de la main- d'oeuvre, il la vit tous les jours. «C'est de plus en plus dur d'amener des gens en forêt, dit-il. Les gens veulent revenir à la maison tous les soirs. Et les salaires ont diminué avec la crise.»

L'entreprise compte 60 membres dont l'âge moyen est de plus de 50 ans. Mais elle est en excellente santé financière et s'est impliquée dès le départ du projet TRIADE. «La recette a été bâtie avec l'aide des opérateurs, dit M. Turcotte. C'est eux qui nous ont dit quoi faire, comment appliquer les principes avec la machinerie existante. Faire de si belles coupes avec de si grosses machines, ce n'est pas évident.»

Il dit que le projet Triade est très motivant pour les travailleurs. «Les gens ont l'impression de laisser quelque chose derrière eux, dans la forêt, pour leurs enfants et petits-enfants, dit-il. Et ils ont l'impression que leur métier est valorisé. Aujourd'hui, il faut être très qualifié pour respecter toutes ces normes.»

«De plus en plus la foresterie, c'est décider ce qu'on va laisser en forêt, pas ce qu'on va couper», ajoute de son côté Christian Messier, de l'UQAM.

Un métier plus complexe, c'est positif pour l'avenir des emplois en foresterie, croit Gilles Renaud, directeur de l'École forestière de La Tuque. «Il y a plus d'enjeux, les traitements sont plus complexes, dit-il. Le travail des ouvriers sera valorisé. On croit aussi qu'il pourrait être mieux payé. Plus on a des compétences pointues, plus on a de chances d'être embauché et moins on a de risques d'être remplacé par monsieur et madame Tout-le-Monde qui n'a pas de formation spécialisée en foresterie.»