Pour la première fois en Amérique du Nord, un livre sera imprimé sur du papier fabriqué avec des résidus agricoles.

Un tirage de 500 exemplaires de In Other Worlds: SF and the Human Imagination, le plus récent livre de Margaret Atwood, édité par la grande maison torontoise McClelland&Stewart, a été réalisé avec du papier fabriqué par la société québécoise Cascades.

Ce projet spécial émane de l'organisme Canopée, qui milite depuis une dizaine d'années auprès des éditeurs et des fabricants de papier pour diminuer l'utilisation de bois en provenance de la forêt vierge dans le papier d'imprimerie.

Selon Julie Loyer, de Cascades, il est temps d'aller encore plus loin que le recyclage du papier. «On fabrique depuis longtemps des produits faits avec des fibres recyclées 100% postconsommation et on se demande: que faire de plus? dit-elle. Et utiliser des résidus, ce que d'autres considèrent comme des déchets, c'est vraiment prometteur.»

Le papier fabriqué pour l'occasion par Cascades utilise 27% de paille de blé et 9% de paille de lin, en plus de 64% de fibres de bois recyclées postconsommation.

«On savait que c'était techniquement possible, dit Mme Loyer. Le plus grand problème, c'est qu'on n'a pas actuellement de fabricant de pâte qui peut utiliser cette matière première. On a fait venir de Chine la pâte de blé et la pâte de lin a été faite dans un laboratoire en Alberta.»

Selon l'organisme Canopée, l'utilisation à grande échelle de résidus agricoles dans la fabrication du papier permettrait d'éviter d'abattre de 550 à 830 millions d'arbres par année.

«En Inde et en Asie, fabriquer du papier à partir de résidus d'agriculture est une pratique millénaire, dit Josée Breton, de Canopée. Mais Cascades a mis au point une technologie moderne et propre pour utiliser des matières.»