Même si Robert Lendvai possède une voiture et un vélo, il préfère emprunter un autre véhicule pour effectuer la navette entre son domicile et son bureau situé au centre-ville de Toronto, ou même pour aller faire son marché.

Comme un nombre croissant de Canadiens, l'homme de 49 ans, vice-président d'une entreprise de démarrage mobile, est membre d'un mouvement en émergence, celui du partage des moyens de transport comme la voiture et le vélo. Ce mode de déplacement s'avère un choix judicieux alors que le prix de l'essence monte en flèche ainsi que les nombreuses dépenses quotidiennes reliées à l'utilisation d'une auto.

En partageant ainsi les coûts de transport, Robert Lendvai affirme que les adeptes de cette formule économisent des milliers de dollars par année. «Nous étions ce genre de familles possédant deux voitures et nous sommes passés à une, ce qui représente une économie de 500$ par mois seulement pour le paiement.»

Travaillant au centre-ville de Toronto, Robert Lendvai n'aimait pas l'idée de laisser une voiture stationnée dans l'allée, sans aucune utilité. «Les rares occasions où nous avons besoin du véhicule en même temps ma femme et moi, j'opte pour Zipcar.»

Zipcar est un service d'autopartage, soit la location d'une voiture pour un temps plus ou moins long. Il représente l'équivalent de Communauto au Québec.

Susan Shaheen, responsable d'un programme sur la mobilité novatrice à l'Université Berkeley en Californie, a étudié le rôle du transport dans le mouvement de la «consommation collaborative» au cours des deux dernières décennies. Ce mouvement qui englobe le troc, le partage, l'échange, le commerce et la location sans intermédiaire connaît un grand succès depuis quelques années, grâce à Internet. «Je peux percevoir de façon significative une sorte de changement culturel au niveau de la propriété individuelle, comme un abandon de ce concept.»

Ce phénomène s'explique en partie par la jonction de certains éléments comme la technologie, l'environnement et l'économie qui ont accentué ces pratiques au cours des dernières années. «L'été de 2008 a été un point marquant alors que les prix du mazout et de l'essence atteignaient des niveaux sans précédent. La montée récente du prix de l'essence, combinée à une confiance vacillante des consommateurs dans l'économie, poussent ces derniers à partager les frais de transport, soutient Susan Shaheen.

«Nous pouvons constater des changements d'attitude comme l'autopartage lorsque le prix de l'essence augmente, mais je crois que le déclin économique est un autre facteur important» ajoute Mme Shaheen.

Il existe 17 réseaux d'autopartage au Canada dont le populaire Zipcar qui a son siège social à Boston, aux États-Unis. Des compétiteurs locaux occupent une mince part du marché à travers le pays, il s'agit surtout de coopératives gérées par des citadins se déplaçant sur de courtes distances.

Le coût de l'autopartage varie selon les différents contrats offerts. En général, il comporte des frais annuels d'adhésion, qui sont de 65$ chez Zipcar, assorti d'un taux horaire de 8,75$ en semaine. Les utilisateurs du service peuvent effectuer leur réservation en ligne, par leur téléphone mobile ou par téléphone fixe et utilisent leur carte magnétique pour avoir accès à leur voiture. Les coûts de l'assurance et de l'essence sont compris dans le forfait.

Tout en étant moins populaire que l'autopartage, l'utilisation du vélo communautaire est en forte progression à Toronto, d'autant plus que cette dernière a adopté, en mai, le Bixi, ce concept de partage de vélos créé à Montréal. L'Amérique du Nord compte sept réseaux de partage de vélos et Toronto est la plus récente ville à s'être dotée d'un tel système.

Les utilisateurs de Bixi peuvent signer un contrat annuel doté d'une souscription de 99$ ou payer 5$ pour 24 heures ou 12$ pour 72 heures d'utilisation..

L'adhésion à un programme de partage d'autos et de vélos contribue à réaliser des économies et permet à ceux qui n'ont pas les moyens d'acquérir un véhicule de pouvoir les utiliser. Cela évite aussi le vol de bicyclettes de grande valeur. Mais comme pour toute transaction, il est important de bien lire les subtilités du contrat et s'en tenir aux heures mentionnées de façon à éviter des frais exorbitants comme c'est arrivé à Stuart Mackay.

Le jeune homme de 22 ans se dirigeait vers les îles de Toronto lorsqu'il a aperçu une des 80 stations de Bixis. Comme l'option lui semblait avantageuse, il a payé les 5$ requis pour chacun des deux vélos qu'il louait. Après une journée à la plage, il les a gardés toute la nuit dans l'appartement d'un ami. «Lorsque nous les avons rapportés, la facture était de 1100$» a déclaré Stuart Mackay.

Parce que l'utilisateur n'avait pas rapporté le vélo à une borne chaque demi-heure comme le prévoit le règlement, le compteur continuait de tourner. Le jeune homme a admis qu'il n'avait pas lu les consignes attentivement avant d'enfourcher la bicyclette. Le montant de 5$ permet des balades de 30 minutes ou moins. Après ce laps de temps, il passe à 1,50$ jusqu'à 60 minutes puis, après une heure et demie, il grimpe à 8$ pour chaque heure d'utilisation. «Honnêtement, je n'avais aucune idée de la manière dont ça fonctionnait, lorsque je leur ai téléphoné, a déclaré Stuart Mackay, ils m'ont expliqué, et j'ai réalisé que clairement je n'avais pas porté suffisamment attention.»

Il n'a pas été le seul à être victime d'un tel imbroglio. «C'est arrivé à quelques personnes. C'est un nouveau service, pas tout le monde sait comment ça fonctionne et les indications ne sont pas si claires. Vous devez vraiment être attentifs aux moindres détails et lire tout ce qui est écrit.»

Mais cette expérience malheureuse n'a pas empêché Stuart Mackay de louer des Bixis. Il utilise le service quelques fois par semaine pour économiser des frais de taxi.