Le gouvernement du Québec est trop permissif à l'égard de l'amiante dans son nouveau règlement sur la qualité de l'atmosphère, affirme Daniel Green, de la Société pour vaincre la pollution.

«Le Québec donne à l'amiante un traitement favorable alors que c'est une substance cancérigène connue», dit-il.

Le ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs (MDDEP) s'en défend et affirme notamment que l'amiante ne pose pas problème dans l'air ambiant au Québec.

Selon M. Green, le Québec aurait dû ajouter l'amiante à la liste de 90 polluants désormais assujettis à une norme pour l'air ambiant. Cette liste vient d'être mise à jour dans le nouveau règlement sur la qualité de l'atmosphère, entré en vigueur la semaine dernière après des années de gestation.

«C'est vrai que l'amiante n'est pas dans la liste des 90 polluants, mais c'est parce qu'on n'a pas d'indication qu'il y aurait un problème d'air ambiant, alors on juge suffisantes les normes d'émission», affirme Michel Goulet, directeur des politiques de la qualité de l'atmosphère au MDDEP.

On constate aussi à la lecture du règlement que les installations de préparation du minerai d'amiante sont exclues de la norme d'émission qui s'applique aux autres minerais.

Dans ce cas, affirme le Ministère, c'est une norme particulière qui s'applique, soit deux fibres d'amiante au maximum par millilitre d'air, plutôt qu'une norme mesurée en grammes.

Mais, selon M. Green, il n'est pas certain que cette norme soit suffisante pour prévenir une pollution de l'air dangereuse.

Il note qu'un échantillonnage autour de deux mines d'amiante, à Black Lake et à Thetford Mines, révélé ce printemps par le Globe&Mail, a montré des concentrations de plus de 8 fibres par millilitre en 2005 pour la mine LAB Chrysotile de Black Lake. Naturellement, en milieu rural, on retrouve 0,00 001 fibre d'amiante par millilitre d'air, et 0,0001 en milieu urbain, selon l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).

M. Green ajoute qu'une étude publiée l'automne dernier par l'INSPQ avait conclu que l'amiante dans l'air ambiant des maisons à Thetford Mines fait en sorte qu' «un impact sur la santé a pu survenir ou pourrait survenir». «Il serait indiqué de prendre de nouvelles mesures d'amiante dans l'air de Thetford Mines afin de surveiller l'exposition dans le temps, pour s'assurer qu'elle n'augmente pas», avait alors affirmé l'INSPQ.

M. Green ajoute que, depuis 2008, la Ville de Montréal fixe à 0,05 fibre par millilitre d'air la norme acceptable dans l'air ambiant. Ailleurs dans le monde, la norme varie de 0,001 à 0,05 fibre par millilitre d'air.

«Si Montréal le réglemente, c'est il y a un problème d'air ambiant, dit M. Green. S'il y a une entreprise de transformation d'amiante ailleurs qu'à Montréal, aucune norme ne s'applique. Il y a un aveuglement volontaire.»

Il ajoute que l'industrie de l'amiante profite d'une autre exception, cette fois au sujet des convoyeurs de résidus miniers, lesquels n'ont pas à être couverts.

«On juge qu'il n'y a pas d'émissions à ce point-là, dit M. Goulet. Il ne reste que de très, très faibles concentrations.»

Selon M. Green, cela reste à vérifier. L'INSPQ, en septembre dernier, avait désigné les haldes (les tas de déchets miniers) comme «une des principales sources de pollution dans les maisons» et avait recommandé entre autres choses de les stabiliser et de les recouvrir.