Après l'avoir repoussé d'un an, Hydro-Québec n'exclut pas de renoncer au projet de réfection de Gentilly-2, ni même de fermer la centrale nucléaire, a révélé mercredi le président-directeur général de la société d'État, Thierry Vandal.

Hydro fournira «toutes les informations au gouvernement pour qu'une décision éclairée et réfléchie puisse être prise» à ce sujet, a-t-il déclaré au cours de la conférence de presse tenue à Montréal pour dévoiler les résultats financiers 2010 de l'entreprise.

On tiendra notamment compte de l'explosion des coûts de la réfection de centrales semblables au Nouveau-Brunswick et en Corée du Sud, du processus de vente d'Énergie atomique du Canada (ÉACL), propriétaire de la technologie des réacteurs CANDU, ainsi que des récents incidents nucléaires survenus au Japon, a expliqué le PDG.

En août dernier, Hydro-Québec avait annoncé le report de 2011 à 2012 du début de la réfection de Gentilly, un projet évalué à 2 milliards $, évoquant justement les travaux en cours au Nouveau-Brunswick et en Corée du Sud de même que le processus de vente d'ÉACL.

Mercredi, quand on lui a demandé si Hydro évaluait le scénario de la fermeture pure et simple de la centrale, M. Vandal a répondu: «ça fait partie des informations qu'on va bien sûr communiquer (au gouvernement), dans le contexte où l'évaluation porte sur tous les éléments, toutes les dimensions du projet de réfection».

«Cette question-là (une fermeture éventuelle) est importante également», a-t-il précisé, en refusant toutefois de s'avancer sur les coûts qui y seraient rattachés.

«Il reste du travail à faire pour compléter ça (l'estimation des coûts d'une fermeture)», a-t-il noté.

Or, selon le rapport annuel 2010 d'Hydro, la fermeture de Gentilly-2 coûterait 1,6 milliard $ au bas mot.

Normandeau réagit

La déclaration du grand patron d'Hydro étonne parce que mardi encore, le premier ministre Jean Charest se moquait de son adversaire péquiste Pauline Marois, qui prône la fermeture de Gentilly-2.

À Québec, la ministre des Ressources naturelles, Nathalie Normandeau, a assuré mercredi que les déclarations de Thierry Vandal «correspondaient en tous points» à l'«état des lieux» qu'elle a demandé à Hydro-Québec de lui fournir à propos de la réfection de Gentilly-2, la semaine dernière.

Le gouvernement a formulé cette requête à Hydro dans la foulée des incidents au Japon et après que la Commission canadienne de sûreté nucléaire ait ordonné à toutes les centrales nucléaires du pays de réviser leurs protocoles de sécurité.

Mme Normandeau a toutefois soutenu qu'il était «prématuré» d'envisager la fermeture de la seule centrale nucléaire québécoise.

«On va s'assurer d'avoir l'ensemble des données avant de se positionner et avant de conclure qu'il faut fermer Gentilly-2», a-t-elle affirmé. Curieusement, la ministre a estimé que la technologie CANDU «a eu son heure de gloire».

Au Parti québécois, qui réclame la fermeture de la centrale depuis septembre 2009, on cachait mal sa satisfaction.

«C'est une bonne nouvelle», a lancé le député Jean-Martin Aussant, député de Nicolet-Yamaska, où se trouve Gentilly-2, au cours d'un entretien téléphonique.

«Je suis ravi de voir que M. Vandal a une ouverture à écouter les arguments qui ont du bon sens», a-t-il ajouté.

D'une capacité de 675 mégawatts, la centrale Gentilly-2 fournit près de 5 térawattheures d'énergie par année, soit environ trois pour cent de la production totale d'Hydro-Québec et suffisamment d'électricité pour alimenter plus de 270 000 clients résidentiels.