Des groupes écologistes dénoncent «la course aux redevances et au permis d'exploration» pour le gisement Old Harry, dans le golfe du Saint-Laurent, et demandent une évaluation environnementale indépendante avant tout geste, qu'il soit posé par Québec ou par Terre-Neuve-et-Labrador.

Au cours d'une rencontre simultanée avec la presse, mardi, à Montréal et aux Iles-de-la-Madeleine, la Coalition Saint-Laurent, qui rassemble des groupes écologistes, a dénoncé la précipitation des deux provinces dans ce dossier.

Avant même que ne soit créé un office Canada-Québec sur les hydrocarbures extracôtiers, la coalition demande qu'un examen public approfondi soit mené, quitte à y faire participer le fédéral et les deux provinces concernées.

La coalition martèle que le public doit avoir son mot à dire, et ce dans toutes les régions concernées, et avant que des décisions trop engageantes soient prises.

«C'est ça la chose sage à faire; ce n'est pas un nivellement vers le bas et vers le risque qu'on doit faire, parce que Terre-Neuve veut émettre un permis», a tonné Christian Simard, directeur général de Nature Québec. «Je trouve que ce serait court-circuiter ses propres responsabilités. Ce serait faire preuve d'irresponsabilité. On invite toute la classe politique, au Québec et au Canada, à de la sagesse et à de la retenue, et non pas à un genre de Klondike du pétrole du Golfe.»

Un tel office existe déjà du côté terre-neuvien, ce qui n'inspire guère confiance aux écologistes québécois, qui craignent que la ministre des Ressources naturelles, Nathalie Normandeau, s'en inspire largement.

La coalition dénonce notamment le fait que ces offices soient dotés d'un mandat hybride, s'occupant à la fois de développement économique et de sécurité de l'exploitation.

La ministre Normandeau a déjà affirmé que les négociations avec le gouvernement fédéral allait bon train en vue de mettre sur pied un tel office. Le premier ministre Jean Charest y a encore fait référence dans son message inaugural, la semaine dernière.

Se précipiter parce que Terre-Neuve-et-Labrador est plus avancé que le Québec dans le processus d'exploration du gisement Old Harry n'est pas la chose à faire, estime M. Simard.

«Il n'est pas question qu'on justifie des ententes de mauvaise qualité, négociées en secret sur l'autel d'un permis d'exploration octroyé à Corridor Resources par Terre-Neuve. On appelle tout le monde au calme», s'est exclamé M. Simard.

Corridor Resources est l'entreprise qui a déjà déposé une demande de permis auprès de l'Office Canada-Terre-Neuve sur les hydrocarbures extracôtiers, afin de procéder à des forages dans la structure géologique d'Old Harry à compter de l'an prochain.

Le Québec, qui veut sa part du gisement Old Harry, veut donc agir à son tour, sentant que Terre-Neuve-et-Labrador a maintenant une longueur d'avance.