Le ministre canadien de l'Environnement, Peter Kent, a défendu, vendredi, le bilan environnemental de son gouvernement et son alignement sur les politiques des États-Unis lors du premier grand discours qu'il donnait dans le cadre de ses nouvelles fonctions.

Mais selon les libéraux, M. Kent et le premier ministre Stephen Harper servent toujours la même rengaine, ce qui permettra essentiellement au Congrès américain de dicter au Canada les politiques environnementales à suivre.

Devant l'Economic Club du Canada, à Toronto, le ministre Kent a déclaré que la question des changements climatiques était l'une des plus sérieuses à laquelle le monde devait tenter de répondre.

Le gouvernement Harper, a-t-il plaidé, est «bien avancé» pour concrétiser le «plan crédible» du Canada élaboré pour faire face aux défis environnementaux.

«Les Canadiens ont tendance à être irrités lorsqu'ils entendent les termes »harmoniser« ou »aligner« dans la même phrase qu»'États-Unis«, a affirmé Peter Kent. Mais peu importe nos objections, en matière d'environnement, et particulièrement en matière de changement climatique, il n'y a aucune alternative.»

Cela équivaut à délaisser notre souveraineté, a rétorqué le porte-parole libéral en matière d'environnement, Gerard Kennedy.

«Les États-Unis ne dirigent pas les affaires environnementales économiques du Canada, et ne devraient pas le faire, a-t-il déclaré. Ce que le gouvernement Harper fait, c'est qu'il laisse notre souveraineté entre les mains d'un Congrès américain qui doit composer avec un processus vague, confus et conflictuel.»

M. Kennedy a par ailleurs critiqué le ministre pour son refus de suivre les recommandations de la Table ronde nationale sur l'environnement et l'économie. Ce groupe d'experts nommé par le gouvernement avait suggéré que le Canada mette sur pied un programme de plafonnement et d'échange de droits d'émission en faisant fi des plans des Américains.

Si le Canada attend les États-Unis pour agir, il est certain que le pays n'atteindra pas ses cibles environnementales, ont soutenu les experts.

«Quand la table ronde économique déclare que nous devrions agir indépendamment et que le ministre écarte cette idée en l'espace de cinq minutes en disant que nous ne changerons pas notre attitude, c'est de l'inaction délibérée», a dit Gerard Kennedy.

Selon Peter Kent, il est improbable qu'un système de plafonnement et d'échange d'émissions soit instauré à l'échelle du continent dans un avenir rapproché. Gerard Kennedy a pour sa part soutenu que les libéraux l'appliqueraient à tous les secteurs, même à celui de l'exploitation des sables bitumineux. Il a cependant reconnu que le plan libéral devrait être compatible à celui des États-Unis.

L'organisation écologiste Greenpeace soutient que les politiques du gouvernement à l'égard de l'industrie des sables bitumineux sont trop laxistes. Une porte-parole de Greenpeace, Natalie Caine, a remis au ministre Kent une nouvelle carte professionnelle annonçant «L'honorable Peter Kent, ministre de la Promotion des sables bitumineux et de la Propagande».

Mme Caine estime que la politique des sables bitumineux du gouvernement Harper est incohérente et n'en fait pas assez pour protéger la planète.