La population de saumons du Pacifique du Canada pourrait être décimée par une faiblesse immunitaire due à un problème génétique et qui rendrait l'animal plus sensible aux virus, selon une étude publiée jeudi.

Entre 40 et 95% de la population de ce poisson, appelé saumon rouge ou saumon sockeye, a disparu ces dernières années, laissant craindre une extinction progressive de l'espèce et mettant en danger la survie du secteur de la pêche en Colombie-Britannique, qui pèse un milliard de dollars par an.

Les chercheurs se sont penchés sur le profil génétique des saumons ayant réussi à atteindre les frayères et à se reproduire et l'ont comparé avec celui des saumons morts en route, selon cette étude parue dans le magazine américain Science.

Les scientifiques ont découvert que les poissons qui n'avaient pas réussi à atteindre les frayères avaient en commun «une signature génétique clé montrant qu'ils souffrent d'un problème de métabolisme et d'immunité», selon l'étude, dirigée par Kristina Miller.

«Notre hypothèse est que le signal génétique associé à une mortalité plus élevée répond à un virus qui infecte les poissons avant qu'ils ne commencent à remonter les rivières et qui persiste jusqu'aux frayères», expliquent les auteurs.

La mort des poissons au moment où ils se trouvent dans les rivières n'est pas attribuable à une cause unique, mais des analyses statistiques ont permis de repérer dans une bonne partie de ces saumons «un groupe régulier de gènes» qui sont «connus pour être liés à l'activité virale».

La population de saumons rouges a recommencé à augmenter en 2010, après plusieurs années au cours desquelles leur rareté a conduit à la fermeture de nombreuses zones de pêche, en particulier au Canada.

Leur quasi-disparition du Fraser, le plus grand fleuve de Colombie-Britannique, en 2009 avait amené les autorités canadiennes à mettre en place une commission d'enquête sur la question.