Connue autrefois pour sa décharge de matières toxiques qui en faisait l'un des endroits les plus pollués du Monténégro, la ville de Mojkovac, dans l'est du pays, s'est donné pour ambition de devenir un fleuron du tourisme écologique.

Pendant plus d'une décennie, les déchets toxiques provenant de la mine de zinc locale, 2,5 tonnes au total, ont été abandonnés sur un terrain vague, l'«assassin silencieux» comme l'appellent les habitants du secteur.

«Nous avalons du poison de cette décharge. Nous le payons de nos vies et de notre santé», s'insurge devant l'AFP un militant écologiste, Mile Mrdovic.

Tout séjour sur la décharge provoque des irritations aux yeux et aux narines, laisse un goût acide dans la bouche. Au bout d'une trentaine de minutes, les maux de tête apparaissent.

Pour les dix mille habitants de Mojkovac, situé à quelque 90 km au nord de Podgorica, la capitale du Monténégro, la décharge est la cause de l'augmentation du nombre des cancers et des maladies respiratoires dans le secteur.

«La poussière dans l'air est dangereuse. Il existe un nombre accru de patients se plaignant de troubles respiratoires, d'irritations des yeux et une augmentation du nombre des cancers», confirme un médecin local, Milovan Bogavac, devant l'AFP.

La décharge se présente sous l'aspect d'une immense couche d'encre qui se serait déversée sur un site naturel à la beauté exceptionnelle.

Les 18 hectares de la décharge, recouverts d'une couche grise, contrastent avec le cadre somptueux des montagnes verdoyantes des alentours.

Deux des trois montagnes qui entourent Mojkovac sont des parcs nationaux où coule l'une des rivières les plus propres d'Europe, la Tara.

La rivière se fraie un chemin à travers la montagne, constituant le plus long canyon d'Europe, et se trouve sous la protection de l'Unesco depuis 1970.

Cette beauté sauvage attire touristes et randonneurs, y compris de l'étranger, mais beaucoup évitent Mojkovac, une situation que les responsables locaux ont décidé de changer.

Ils assurent que les éléments toxiques ont été «stabilisés» grâce à un programme d'assainissement entamé en 2007. «La poussière n'est pas dangereuse», assure même le maire de Mojkovac, Milorad Mitrovic.

Le Programme des Nations unies pour le Développement (PNUD) a contribué au programme d'assainissement, qui a consisté dans un premier temps à solidifier la décharge, en prévenant l'évaporation et le déversement de matières toxiques dans la Tara.

La décharge doit maintenant être recouverte de gravier et d'humus, de façon à empêcher à tout jamais la dispersion de la poussière toxique. Le coût de l'opération, qui a débuté en octobre, s'élève à 1,5 million d'euros.

L'ambition est de faire de Mojkovac, un ancien centre industriel, un lieu de villégiature et de tourisme écologique, attirant les amateurs de randonnées, de cyclisme et de kayak.

Les autorités municipales envisagent aussi de faire un musée de l'ancienne mine, et y installer une piste cyclable souterraine et différentes attractions.

Le projet s'inscrit dans le cadre d'un programme de défense de l'environnement dans les Balkans occidentaux, soutenu par le PNUD et financé par les Pays-Bas, ayant pour objectif d'aider les régions affectées par la pollution industrielle.

Cette reconversion répond aussi aux buts assignés par le Monténégro qui, dès le début des années 90, s'est proclamé dans sa Constitution le premier «État écologique».