L'exploitation des sables bitumineux dans le bassin de la rivière Athabaska ne fait pas l'objet d'une surveillance adéquate.

C'est la conclusion tirée par un panel d'experts que le gouvernement fédéral a mandaté il y a deux mois de jeter un coup d'oeil sur l'industrie.

«Avons-nous un système de surveillance de classe mondiale en place? La réponse courte est non. Mais nous pourrions l'avoir», a tranché la présidente du panel, Liz Dowdeswell, au cours d'une conférence de presse mardi à Ottawa.

Le panel a recommandé la création d'une nouvelle structure de coordination pour harmoniser les efforts des différents acteurs, dont l'industrie et les différents paliers de gouvernement.

Les problèmes soulevés dans le document incluent une fragmentation des efforts due à l'absence d'un système cohérent de surveillance et de recherche; un manque de crédibilité scientifique de plusieurs activités de recherche menées dans le secteur; et une kyrielle de données qui ne sont souvent pas disponibles en temps opportun.

«Tant que l'on ne réglera pas les problèmes associés au système de surveillance, vous ne pouvez vous fier à ce que les données indiquent et conséquemment, vous ne pouvez pas dire de manière crédible que vous prenez de bonnes décisions lorsque vous vous basez sur ces données», a précisé Liz Dowdeswell.

Le ministre de l'Environnement par intérim, John Baird, a indiqué que son gouvernement avait l'intention d'agir conformément aux conclusions du rapport. Il n'a toutefois pas été mesure d'affirmer avec certitude qu'Ottawa serait en mesure de s'entendre avec le gouvernement albertain pour établir le système de coordination recommandé.

Et bien que le rapport ait évoqué la possibilité de faire payer l'industrie plutôt que les contribuables pour ce nouveau système, le ministre Baird a refusé de s'engager en ce sens.

«Nous allons d'abord établir les faits, et ensuite nous allons prendre cette décision», a-t-il dit.

«Ce que nous allons faire au cours des prochains 90 jours est d'avoir des scientifiques tant en Alberta qu'à Environnement Canada qui développeront ce système. Nous allons le faire vérifier par un autre panel scientifique, l'Alberta va faire de même, et nous allons établir les coûts.»

«Depuis des années, le gouvernement fédéral n'a pas assumé ses responsabilités. Comment le public peut-il avoir confiance qu'il va agir correctement dorénavant?» a lancé le critique libéral dans le dossier de l'eau, Francis Scarpaleggia.

Le gouvernement de l'Alberta a annoncé lundi qu'il demanderait à son propre panel d'experts de le conseiller sur la marche à suivre d'ici six mois en matière de surveillance des activités de l'industrie.

«Nous allons avoir un régime de monitoring fédéral et un autre, séparé, au niveau provincial? Qu'est-ce que ça va leur prendre pour travailler ensemble?» a dénoncé l'unique députée fédérale du NPD en Alberta, Linda Duncan.

L'institut Pembina a émis un communiqué allant dans le même sens. «C'est le troisième rapport récent qui conclut que le système de surveillance de l'eau dans les sables bitumineux canadien est déficient», a noté le groupe environnemental.

«Les gouvernements des provinces et le gouvernement fédéral doivent coopérer pour réparer le système.»