Foulards jaunes, chapeaux bleus, casquettes rouges, écoliers, collégiens ou lycéens galopaient début décembre dans les allées du salon des produits écologiques à Tokyo, participant aux jeux et ateliers éducatifs des entreprises vantant leurs mesures environnementales.

«Savez-vous comment l'on peut séparer différents plastiques d'un réfrigérateur usé après les avoir broyés», interroge un ingénieur de Mitsubishi Electric sur le stand du groupe au décor digne d'un plateau de TV.

Personne ne sait, mais tout le monde va vite comprendre grâce aux expériences grandeur nature proposées.

«Si on met les plastiques en question dans l'eau, certains flottent, d'autres coulent, donc on peut faire une première séparation. Ensuite, en les mélangeant, certains vont rester collés à la paroi à cause de l'électricité statique, d'autres non.», explique le professionnel.

Même genre de spectacle sur le stand du géant de l'électronique Sony ou bien sur celui du groupe de technologies et services informatiques Fujitsu.

Les enfants sont invités à participer à des quiz ou à répondre à des questionnaires qui les obligent à lire les panneaux explicatifs, comme ceux de l'espace Toshiba, groupe qui fait le grand écart entre des réacteurs nucléaires et des puces électroniques.

Ailleurs, on les entraîne à fabriquer une mini-éolienne ou une voiture miniature mue à l'énergie solaire.

Dans la plupart des cas, les écriteaux sont enrichis d'images explicites et les mots en idéogrammes accompagnés des prononciations en syllabaires afin d'être lisibles par les plus jeunes, lesquels se montrent particulièrement réceptifs.

«La Terre est en train de se dégrader et nous devons la réparer», témoigne l'écolier Ryunosuke Takagi.

«En venant ici, je peux vraiment apprendre des choses sur les nouvelles énergies et je suis vraiment étonné de toutes les techniques imaginées pour mieux préserver l'environnement. C'est franchement très intéressant», poursuit le garçonnet de neuf ans.

«C'est drôlement bien d'être là, on nous enseigne plein de trucs, je veux venir tous les ans», renchérit Genki Watanabe, 10 ans, qui se dit captivé par les moyens de recyclage.

Dans un pays dépourvu de ressources naturelles et à la merci des séismes ou tsunamis, la préoccupation écologique n'est pas nouvelle.

Depuis le choc pétrolier de 1973, les consommateurs sont échaudés et les entreprises s'escriment à concevoir des appareils moins voraces en hydrocarbures, eau, électricité ou autres substances.

Les contraintes environnementales désormais imposées au niveau international et le souci d'économies d'énergie comme d'argent poussent les Japonais à redoubler d'efforts.

Ils y sont d'autant plus enclins que les technologies de pointe qu'ils développent (voitures hybrides et électriques, ampoules à diodes électroluminescentes -LED-, cellules photovoltaïques, nouveaux réseaux électriques, toilettes à contrôle électronique, etc.) sont des atouts importants valables à l'échelle mondiale.

L'écologie est ainsi un puissant argument publicitaire, assumé comme tel.

«Notre objectif est de vendre des produits qui soient moins polluants, tant dans leur phase de production, que d'usage et de recyclage», explique Machiko Miyai, directrice de la division écologie du groupe d'électronique et d'électroménager Panasonic.

Sony édite pour sa part un mensuel, ECO Press, où le groupe présente ses dispositifs environnementaux ainsi que ceux d'autres firmes, sous une forme pédagogique, avec la participation des salariés du groupe et de vedettes.

Les personnages de manga les plus consensuels, comme le chat bleu venu du futur Doraemon, créé en 1970 par Fujiko Fujio, servent aussi de professeurs très écoutés par les enfants.

Les campagnes des entreprises ont également pour but de d'attirer les jeunes vers des métiers scientifiques et techniques dont ils auraient tendance à se détourner.