Au moment où le gouvernement canadien est critiqué de toutes parts pour son manque d'action dans la lutte contre les changements climatiques, le Bloc québécois, à Ottawa, relie les grandes marées et les tempêtes qui se sont abattues sur l'est du Québec dans les derniers jours au dérèglement du climat.

«Le gouvernement admettra-t-il que la catastrophe que l'on connaît dans le Bas-Saint-Laurent, la Gaspésie et sur la Côte-Nord est une preuve supplémentaire qu'il faut réduire dès maintenant nos émissions de gaz à effet de serre», a exhorté à la Chambre des communes le député bloquiste de Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, Raynald Blais, déplorant que les conservateurs de Stephen Harper aient «de la difficulté à admettre l'existence même des changements climatiques».

Le Bloc québécois estime que la création d'un fonds de compensation s'impose pour aider les communautés à s'adapter aux conséquences des changements climatiques. «Ce fonds permettrait, par exemple, de financer des mesures pour limiter l'érosion des berges par les grandes marées», a souligné M. Blais.

Le commissaire à l'environnement, Scott Vaughan, déplorait justement, dans son rapport automnal déposé mardi, l'absence de stratégie du gouvernement fédéral pour aborder la question de l'adaptation aux changements climatiques sur le plan national.

Bombardé de questions aux Communes, le gouvernement conservateur a réitéré qu'il acceptait les recommandations du commissaire, et qu'il travaillait à négocier à l'échelle internationale une entente qui impliquerait que tous les grands émetteurs réduisent leurs émissions de gaz à effet de serre.

Fraîchement arrivé au sommet sur le climat de Cancún, au Mexique, le ministre fédéral de l'Environnement, John Baird, essuyait déjà les foudres des environnementalistes, notamment pour l'entêtement du Canada à vouloir enterrer le protocole de Kyoto, jugeant que le traité est inégalitaire.

«Le protocole de Kyoto exclut les deux tiers des émissions de gaz à effet de serre. Nous cherchons une entente internationale obligatoire et efficace qui inclut tous les grands émetteurs de la planète», s'est justifié le premier ministre Stephen Harper.

Mais pour l'opposition, le gouvernement conservateur ne cherche qu'à faire déraper les négociations depuis son arrivée au pouvoir.

«Sur la scène internationale, depuis cinq ans, les conservateurs se promènent avec un seul objectif, c'est-à-dire saboter un accord sur les changements climatiques», a lancé en Chambre le chef libéral Michael Ignatieff.

Cette «absence de principes», selon lui, «coûte cher» à la réputation du Canada sur la scène internationale, et a contribué à l'échec du gouvernement conservateur, en octobre, à obtenir un siège au Conseil de sécurité de l'ONU, une première dans l'histoire du pays.

«Les conservateurs sont un obstacle au progrès contre les changements climatiques», a renchéri le chef du NPD, Jack Layton.

Pour le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, la position du gouvernement est intenable, voire «ridicule».

«Au lieu de bloquer toute négociation sous prétexte que quelques pays n'embarquent pas, le gouvernement conservateur ne devrait-il pas plutôt, s'il était le moindrement responsable, appuyer l'imposition de cibles contraignantes à tous les pays industrialisés et introduire des politiques tarifaires pour ceux qui ne les respectent pas, comme la Chine, par exemple», a suggéré M. Duceppe.

Le premier ministre s'est contenté de répliquer que le Canada favoriserait seulement un accord qui inclurait tous les grands émetteurs de la planète.

La 16e Conférence des Nations unies sur le climat doit se terminer demain, à Cancún, au Mexique. Si la rencontre précédente, à Copenhague, l'année dernière, avait suscité de grands espoirs de parvenir à une entente contraignante de réduction des gaz à effet de serre, pour finalement se conclure, selon la communauté internationale, par un échec, les espoirs de voir un traité global signé à Cancún s'amenuisent de jour en jour.

À l'opposé de la communauté scientifique, le gouvernement canadien a toujours estimé que la rencontre de Copenhague avait été une réussite, puisque l'ensemble des pays du monde s'est engagé à prendre les moyens pour limiter la hausse des températures à moins de 2 degrés Celsius, dans un accord qui n'est toutefois pas juridiquement contraignant.