L'Organisation météorologique mondiale tire la sonnette d'alarme mercredi contre les niveaux records de gaz à effet de serre à quelques jours du sommet de l'ONU de Cancun où les pays tenteront de parvenir à un accord de réduction de ces gaz, facteurs de réchauffement climatique.

Dans son dernier bulletin, l'OMM montre que les principaux gaz à effet de serre (GES) ont atteint en 2009 «leurs plus hauts niveaux jamais observés depuis l'époque pré-industrielle» et ce malgré le ralentissement économique de ces dernières années.

Les concentrations de CO2 et de méthane, les deux gaz à effet de serre d'origine humaine les plus abondants dans l'atmosphère, sont les plus préoccupantes.

La teneur en CO2, a ainsi augmenté depuis 1750 de 38% pour s'établir en 2009 à 386,8 ppm (nombre de molécules du gaz considéré par million de molécules d'air sec).

Selon l'OMM, cette progression est due essentiellement à des émissions provoquées par «la combustion de combustibles fossiles, au déboisement et aux changements d'affectation des terres».

Ces dix dernières années le mouvement s'est accéléré avec un accroissement de la concentration de CO2 de 1,88% par an en moyenne.

L'OMM s'alarme par ailleurs de la progression du méthane, dont la concentration était restée stable de 1999 à 2006 avant de reprendre entre 2007 et 2009.

Le deuxième plus important gaz à effet de serre persistant a ainsi vu sa teneur dans l'atmosphère progresser de 158% depuis la révolution industrielle pour atteindre 1803 ppm en 2009. L'OMM attribue globalement cette augmentation aux émissions «dues à l'élevage de bovins, la riziculture, l'exploitation des combustibles fossiles et la mise en décharge des déchets».

Toutefois concernant ces trois dernières années, les origines de sa reprise sont plus difficiles à déterminer.

«Il y a deux raisons possibles», a expliqué l'experte sur l'atmophère de l'OMM, Oksana Tarassova. «En 2007, il y a eu des températures chaudes dans l'Arctique qui ont produit de nombreuses émissions supplémentaires (de méthane) tandis qu'en 2007 et 2008, il y a eu une augmentation des précipitations dans les Tropiques», a-t-elle ajouté.

L'OMM ignore quel élément a dominé et si cette tendance se poursuivra cette année.

Mais ce qui est sûr, c'est que cette situation peut générer un «cercle vicieux» dangereux, préviennent les experts. De fait le réchauffement de l'Arctique provoque une fonte du pergélisol, dégageant de grandes quantités de méthane qui y sont renfermés. Ce gaz ainsi libéré se retrouve dans l'atmosphère et contribue au réchauffement climatique.

Ces rejets «sont extrêmement préoccupants et font l'objet de recherches et d'observations intensifs», a martelé le secrétaire général de l'OMM, Michel Jarraud.

Ainsi, prévient le co-directeur du département recherches de l'organisation, Len Barrie, «si nous continuons comme si de rien n'était, nous n'atteindrons pas le niveau de concentration atmosphérique de ces gaz qui nous permettra d'atteindre l'objectif de réduction de deux degrés» en 2020 décidé en 2009 lors du sommet de Copenhague sur le climat.

«Si nous voulons commencer à faire baisser le niveau des GES, nous devons stopper totalement les émissions de ces gaz», a-t-il insisté, espérant que «ces informations mettront en valeur l'urgence d'agir» alors que les 194 parties signataires de la Convention climat de l'ONU se retrouvent lundi à Cancun pour leur conférence annuelle.

Il s'agira de la première grande réunion depuis l'échec du sommet de Copenhague il y a un an, où aucune feuille de route précise pour l'après 2012, date d'expiration du protocole de Kyoto sur la réduction des gaz à effet de serre, n'a pu être établie.