Greenpeace a affirmé mardi que l'ambitieux programme de lutte contre la déforestation lancé par l'Indonésie avec le soutien financier de la Norvège était menacé d'être «pris en otage» par les producteurs d'huile de palme et de bois.

La mise en place par le gouvernement d'un moratoire de deux ans sur les permis de déboisement est «systématiquement sapée par le pouvoir des industries de l'huile de palme et de la pâte à papier», a dénoncé Bustar Maitar, responsable de Greenpeace à Jakarta.

Ce moratoire avait été annoncé en mai par le président Susilo Bambang Yudhoyono en échange d'une aide d'un milliard de dollars de la Norvège à l'Indonésie, qui possède, avec le Brésil et le RDCongo, l'une des plus grandes forêts équatoriales au monde.

Dans un nouveau rapport intitulé «REDD Alert» et publié avant le sommet sur le climat de Cancun (Mexique), l'organisation écologiste affirme que des programmes d'expansion visent à tripler la production d'huile de palme d'ici 2020 et de pulpe et pâte à papier d'ici 2025.

Les industriels, avec le soutien de fonctionnaires, entendent pour cela utiliser les «définitions ambiguës» qui permettent de classer des forêts en terres «dégradées» et de les «réhabiliter» en y plantant des palmiers à huile ou des acacias, explique Greenpeace.

Les principes du mécanisme de financement REDD (réduction des émissions liées à la déforestation), dont de nombreux projets sont développés en Indonésie, seront ainsi dévoyés, regrette l'organisation.

Le risque existe de voir les fonds REDD, «qui sont destinés à soutenir la protection des forêts, être en fait utilisés pour favoriser leur destruction», selon elle.

Les zones de plantation prévues comprennent 40% des forêts naturelles existant encore dans l'archipel, soit une surface similaire à la Norvège et au Danemark réunis.

Les autorités indonésiennes n'avaient pas réagi au rapport de Greenpeace en milieu d'après-midi.

Selon les experts de l'ONU, la déforestation représente 17% des émissions globales de gaz à effet de serre, soit plus que le secteur du transport.