Des écologistes américains ont mis en garde mercredi contre les risques présentés par les forages pétroliers au large de l'Arctique, soulignant que les États-Unis sont très mal préparés pour faire face à une éventuelle marée noire dans cet environnement.

Dans un rapport, l'association Pew Environment recommande que les autorités fédérales procèdent à des études approfondies de l'environnement marin arctique avant d'autoriser l'exploration pétrolière et gazière en mer. Il insiste sur la nécessité d'adapter les stratégies de lutte contre les marées noires aux contraintes de l'Arctique.

La fragilité des écosystèmes, le froid et une mer souvent très agitée pourraient empêcher les opérations de nettoyage si un accident similaire à celui qui est intervenu en avril sur la plateforme exploitée par BP dans le golfe du Mexique devait se produire, selon l'association.

Selon ce mouvement écologiste, les groupes pétroliers ne sont pas préparés à affronter l'environnement arctique: vents violents, vagues de six à neuf mètres, icebergs, obscurité totale une grande partie de l'année et longues distances entre les plateformes et les ports depuis lesquels des équipements peuvent être acheminés en cas de problème.

L'habitat des morses, des phoques et des ours polaires pourrait être fortement perturbé et un grand nombre de ces animaux pourrait disparaître en cas de marée noire, craint le Pew.

«Je pense qu'il y a actuellement de fortes pressions de l'industrie pour étendre le forage en mer dans l'Arctique et j'espère que notre rapport va contribuer à adopter une approche plus prudente», explique Marilyn Heiman, une responsable de l'organisation écologiste.

Les bateaux écumeurs de pétrole ne peuvent pas fonctionner dans une mer où flotte de la glace, relève-t-elle.

De plus, on ignore si les dispersants chimiques, abondamment utilisés par BP dans le golfe du Mexique, seraient aussi efficaces à basses températures, selon cette responsable.

En outre «le pétrole ne se dégrade pas aussi rapidement dans des eaux froides», explique-t-elle à l'AFP.

Dans le cas de la marée noire de l'Exxon Valdez en Alaska, les résidus d'hydrocarbure «sont encore toxiques pour certaines espèces animales comme les loutres plus de vingt ans après l'accident du pétrolier», relève Marilyn Heiman.

Il y a actuellement quatre forages en activité au large de l'Alaska, dans la mer de Beaufort, et deux autres en construction qui se trouvent toutes à proximité des côtes.

Mais pour des plateformes au large, en eaux plus profondes, les opérations d'intervention pour combattre une marée noire seraient très difficiles et prendraient des jours, voire des semaines, insiste le Pew.

Selon des estimations du gouvernement américain en 2008, il y aurait 90 milliards de barils de brut et de vastes quantités de gaz naturel à l'intérieur du cercle arctique, surtout sous la mer, qui suscitent de nombreuses convoitises.