Si rien n'est fait pour stopper le lotissement dans les milieux humides de Laval, la «quasi-totalité» d'entre eux aura disparu ou seront altérés d'ici 13 ans, prévient le Conseil régional de l'environnement de Laval (CRE). L'organisme presse Québec d'adopter un moratoire pour empêcher la construction et le lotissement dans ces zones.

Selon une recension méticuleuse qu'a menée le CRE -et dont les résultats ont été présentés aux médias hier-, 41% des milieux humides qui se situaient dans les zones soumises au lotissement résidentiel, commercial et industriel de l'île Jésus ont été détruits ou altérés au cours des six dernières années.

En 2004, 353 milieux humides avaient été recensés sur un total de 331,2 hectares. Les calculs qu'a faits le groupe écologiste montrent que 50,2 hectares ont été perdus et environ 54,6 hectares modifiés. Au rythme où vont les choses, les milieux humides sont appelés à disparaître d'ici à 2023, évalue le CRE.

«Ce qui se passe est grave parce que les milieux humides sont une richesse collective», a affirmé hier Guy Garand, directeur général du CRE. «Ces zones sont comme de grosses éponges, les reins de la nature, en quelque sorte. Ils remplissent plusieurs fonctions. Ils servent notamment à empêcher les nappes phréatiques de s'assécher et à filtrer les contaminants. C'est sans compter les impacts sur la biodiversité. Où vont aller les canards, les bernaches, les grenouilles, les salamandres, les rats musqués?»

Pour l'instant, les particuliers, les municipalités ou les promoteurs qui souhaitent construire ou exécuter des travaux dans un cours d'eau, un marais, un étang ou un marécage doivent d'abord obtenir un certificat d'autorisation de la part du ministre du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs. Le CRE s'interroge sur le fait qu'entre 2004 et 2010, le Ministère a autorisé les 87 demandes de certificat d'autorisation pour modifier les milieux humides à Laval.

Au cours de l'été, le CRE a également demandé au Ministère de procéder à la vérification de 49 certificats d'autorisation. Résultat: 11 d'entre eux n'avaient pas obtenu l'aval du gouvernement.