Peut-on réduire les gaz à effet de serre grâce aux sources d'énergie renouvelables? Le ministre fédéral de l'Énergie, Jim Prentice, qui a animé ce matin une table ronde sur ce thème au Congrès mondial de l'énergie de Montréal, en est convaincu.



Quelques mois avant le prochain sommet de Cancun, Jim Prentice se dit «optimiste» depuis le sommet de Copenhague. «Cela a suscité l'espoir des leaders mondiaux. Les traités internationaux restent la voie que préfèrent tous les pays du monde. Nous avons des points de vue divergents, mais on essaie d'arriver à un avenir énergétique durable», a dit le ministre.

L'accord négocié au sommet de Copenhague l'an dernier a été vivement critiqué: trop peu contraignant, il ne contient aucun objectif chiffré. Yvo de Boer, conseiller spécial en changements climatiques et durabilité à KPMG, préfère quant à lui saluer les modestes avancées de Copenhague.

«Cent vingt pays ont pris le temps de se réunir. Ils se sont tous, depuis, fixé des objectifs pour 2020», a affirmé M. de Boer. Toutefois, il faut maintenant mettre en oeuvre ces objectifs. «Le fait est que nous n'avons pas de feuille de route internationale. C'est là le défi: transformer les décisions politiques en réalité de l'industrie, faire de Copenhague une réalité industrielle», a-t-il précisé.

Plusieurs aspects indépendants de la volonté de l'industrie ralentissent les investissements dans les énergies renouvelables, croit Pierre Duhaime, PDG de SNC-Lavalin. «C'est difficile pour une entreprise de faire un investissement qui aura un rendement dans 20 ans et de dépendre des subventions d'un gouvernement. C'est pour cela qu'il a fallu du temps pour investir dans les énergies renouvelables».

Autre défi pour l'industrie, s'ajuster au clivage entre les désirs de la société civile et ceux des producteurs d'énergie. «Je suis pro-nucléaire, mais il y a une rupture entre ce que la population veut et ce qu'on peut livrer, dit-il. Pour le nucléaire, il faut beaucoup de temps pour avoir un permis.»

Yvo de Boer a rappelé que le monde est face à deux options. Dans le plan A, les investissements dans le secteur énergétique augmentent dans les pays développés comme dans les pays en voie de développement, tout comme les émissions de GES. Dans le plan B en revanche, on limite la hausse de la température avec une réduction massive des émissions de GES, en majeure partie dans les pays occidentaux, pour ne pas entraver la progression des pays en développement. «Il faut participer à une réflexion internationale, prendre en compte les particularités de chaque pays», dit M. de Boer.

Tous les pays en voie de développement n'adoptent pas la même attitude face aux gaz à effet de serre. Si certains préfèrent privilégier l'économie, d'autres, comme le Brésil, investissent dans les énergies renouvelables.

José Antonio Muniz Lopez, le PDG de la firme brésilienne Electrobras, affirme ainsi que l'hydroélectricité, l'énergie éolienne ou l'énergie solaire sont des sources sur lesquelles mise le Brésil, en dépit de ses gisements de gaz, de pétrole et d'uranium. «On peut offrir de l'hydroélectricité à des pays comme le Venezuela ou le Pérou. On est plutôt optimistes», dit M. Lopez.