Un projet controversé en Inde d'exploitation minière du géant britannique Vedanta dans des forêts considérées comme sacrées par une tribu locale vient d'être rejeté par le ministre de l'Environnement, au motif qu'il risquait de mettre en péril la survie des autochtones.

Le ministre a déclaré mardi à la presse que l'autorisation pour le projet  d'exploitation d'une mine de bauxite (minerai d'aluminium) n'avait pas été accordée, une décision conforme à une recommandation du comité indien sur les forêts (FAC), ce qui signifie que le projet est «inopérable».

Les 8 000 membres de la tribu des Dongria Kondh de l'État de l'Orissa (est de l'Inde) vénèrent la montagne Niyamgiri où la mine devait être implantée, car ils considèrent qu'elle abrite leur dieu Niyam Raja qui veille sur leurs récoltes.

Selon le rapport du comité remis au ministre, le projet de Vedanta menacerait «la survie même» des Dongria Kondh. Cette mine à ciel ouvert aurait en outre un énorme impact environnemental risquant d'«altérer drastiquement» l'écosystème et l'approvisionnement en eau de la région.

Depuis l'annonce du projet en 2005 par le groupe Vedanta, basé au Royaume Uni mais contrôlé par le milliardaire indien Anil Agarwal, les tenants du développement industriel s'opposaient aux défenseurs des intérêts des populations locales et de l'environnement.

L'ONG Survival International, qui milite pour les droits des peuples indigènes dans le monde, avait même mené une intense campagne médiatique au moment de la sortie du film d'aventure de James Cameron, Avatar, comparant le sort de la tribu des Na'vi portée à l'écran à celui des Dongria Kondh.

Dans le film, les Na'vi étaient un obstacle à l'exploitation par de puissants groupes industriels d'un minerai rarissime.

Survival avait accusé la mine à ciel ouvert de Vedanta de risquer de détruire les forêts, bouleverser le cours des rivières et entraîner la disparition des Dongria Kondh en tant que peuple distinct.

Vedanta, deuxième plus grand producteur d'aluminium en Inde, voulait exploiter une mine de bauxite pour alimenter une raffinerie d'aluminium voisine.

En novembre 2007, la Cour suprême indienne avait déjà refusé d'autoriser en l'état le projet de Vedanta aux motifs qu'il pourrait affecter «le développement durable» et elle avait demandé au groupe de présenter un nouveau projet.

Vedanta a toujours affirmé que le projet n'aurait que peu d'incidences dans les forêts et que des arbres seraient plantés une fois le bauxite extrait.

Des responsables du groupe avaient aussi souligné que la raffinerie et la mine pourraient aider à lutter contre la pauvreté dans cette région défavorisée, l'entreprise s'engageant à créer des emplois, fournir des soins médicaux et développer l'éducation.

Avant même l'annonce du rejet du projet par le ministre de l'Environnement, Vedanta avait fait savoir qu'il se préparait à chercher un autre site.

«Nous avons l'intention de regarder d'autres lieux possibles», déclarait Anil Agarwal au quotidien Hindustan Times la semaine dernière.

Vedanta, groupe minier spécialisé dans les métaux, est depuis la semaine dernière au coeur de l'actualité économique en Inde après avoir annoncé avoir conclu un accord pour acquérir la majorité du capital de la société pétrolière Cairn India auprès de sa maison mère britannique Cairn Energy.

La transaction, pour un montant de 8,5 à 9,6 milliards de dollars, requiert toutefois encore l'approbation de New Delhi en raison de contrats de production conjointe qui le lient à Cairn India.