Le «Big One», le séisme majeur qui devrait selon les géologues frapper la Californie dans un avenir proche, pourrait survenir encore plus tôt que prévu, selon une étude publiée vendredi.

Des chercheurs des Universités de Californie et d'Arizona ont étudié la fréquence des séismes ces 700 dernières années sur une portion de la célèbre faille de San Andreas, située à la jonction des plaques tectoniques du Pacifique et de l'Amérique, et qui traverse la Californie du nord au sud.

L'étude, réalisée dans le secteur de Carrizo Plain, à 160 km au nord-ouest de Los Angeles, a révélé que le nombre de séismes majeurs dans la région avait été beaucoup plus nombreux que ne le pensaient les scientifiques, et qu'ils s'étaient produits dans un intervalle de temps allant de 45 à 144 ans.

«Si vous attendiez quelqu'un pour vous dire que nous sommes proches du prochain tremblement de terre sur la faille (de San Andreas), regardez les chiffres», écrit dans un communiqué la sismologue Lisa Grant Ludwig, qui a dirigé l'étude, à paraître le 1er septembre dans la revue Geology.

De fait, le dernier «Big One» dans la région étudiée -le séisme de Fort Tejon, d'une magnitude de 7,8- remonte à 1857, il y a plus de 150 ans.

Les chercheurs relèvent que «l'idée largement répandue qu'un séisme majeur se produit sur la faille tous les 200 à 400 ans est fausse» et que «s'il est possible que la faille connaisse une époque de calme, il est plus probable qu'un séisme majeur soit imminent».

Les géologues estiment généralement à 70% la probabilité d'un tremblement de terre dévastateur en Californie, l'État le plus peuplé des États-Unis, au cours des 30 prochaines années.

Ken Hudnut, de l'Institut de géophysique américain (USGS), cité dans le communiqué, estime que l'étude est importante car elle «remet en cause l'idée ancienne de séismes extrêmement forts mais largement espacés dans le temps».

Le chercheur Sinan Akciz, qui a procédé aux prélèvements de charbon dans la faille ayant permis de dater et évaluer les précédents séismes, apporte un peu d'optimisme à cet inquiétant tableau: si les séismes se sont avérés plus nombreux sur les 700 dernières années, ils ont cependant été moins violents qu'escompté, avec des magnitudes comprises entre 6,5 et 7,9.

Mme Ludwig espère que l'étude ouvrira les yeux des Californiens, qui négligent selon elle le risque d'un tremblement de terre dévastateur.

«Il y a de gros nuages à l'horizon. Va-t-il forcément pleuvoir pour autant? Non. Mais quand on voit des nuages, on prend son parapluie. C'est l'intérêt de cette étude: elle nous donne une chance de nous préparer», écrit-elle.

Le dernier séisme dévastateur à s'être produit sur la faille de San Andreas, longue de 1300 kilomètres, est celui de San Francisco, en 1906. D'une magnitude de 7,8 sur l'échelle de Richter, il avait ravagé la ville et fait environ 3000 morts.