Le Canada doit hausser ses exigences pour éviter que se reproduise un déversement comme celui qui est survenu près de l'écluse de Côte-Sainte-Catherine il y a deux semaines, plaide François Rebello, député péquiste de La Prairie.

Des leçons doivent être tirées de ce déversement, ajoute-t-il, aussi bien du côté du gouvernement que des entreprises maritimes.

Le réservoir du vraquier MV Richelieu a été percé par l'ancre, qu'il a fallu jeter quand le navire a eu des problèmes de transmission. Tout cela est survenu alors que les rafales de vent atteignaient 44 noeuds.

Le porte-parole de Canada Steamship Lines, Jean-François Lebrun, relève que la firme a déjà décidé d'acquérir à l'avenir des bateaux dont les réservoirs seront moins exposés et moins vulnérables. «On essaiera d'avoir des réservoirs situés plus au centre et plus élevés.»

Ne pourrait-on pas déplacer les réservoirs des bateaux actuels? À cela, M. Lebrun répond que ce n'est pas possible pour la flotte existante parce qu'il faudrait démonter les bateaux.

Selon François Rebello, si l'on sait que ce serait préférable, si l'on dispose de la technologie nécessaire, il est de la responsabilité sociale des entreprises et des gouvernements de le faire. «Autrement, si toutes les précautions ne sont pas prises, il sera normal que l'on en fasse reproche à une entreprise si un tel événement se produit de nouveau. Compte tenu des enjeux de compétitivité entre les entreprises, j'estime que le gouvernement devrait exiger la même chose de toutes les entreprises maritimes.»

Sonia Laforest, gestionnaire intérimaire des urgences à Environnement Canada, relève que, à l'heure actuelle, outre quelques petites choses comme les peintures à utiliser, Environnement Canada n'a pas d'exigences environnementales quant à la construction de bateaux comme le MV Richelieu, qui ne transporte pas de matières dangereuses.

Par contre, au Canada comme ailleurs dans le monde, des règles sont en place pour assurer le retrait graduel des pétroliers à coque simple. (À noter que tous les bateaux de CSL, a souligné M. Lebrun, ont une double coque.)

Le pire a été évité

Cette fois-ci, la chance a voulu que le bris du réservoir ne se produise pas au large, mais dans le canal de la rive-sud, à Sainte-Catherine.

Selon Mme Laforest, la Garde côtière devrait annoncer dans quelques jours que le nettoyage est terminé. Il ne devrait pas y avoir de dommages à long terme sur l'écosystème.

Le bilan animalier? Cinq oiseaux, cinq canards et deux rats musqués sont morts. On a aussi trouvé trois poissons, qui ont peut-être succombé à la chaleur.

Le MV Richelieu se trouve présentement aux Méchins, où il sera réparé. M. Lebrun, porte-parole de CSL, dit qu'il n'est pas encore possible de savoir à combien montera la facture du nettoyage, pas plus que l'on ne sait encore combien de pétrole s'est échappé dans le Saint-Laurent. «Le réservoir qui a été percé contenait 150 tonnes de mazout. Nous en sommes à pomper l'huile restante, pour déterminer quelle quantité s'est échappée.»

Au total, six bateaux, trois écrémeurs (des espèces d'aspirateurs) et 2440 mètres d'estacades ont été nécessaires pour nettoyer le fleuve et ses rives, dit Paul Pouliot, porte-parole de la Société d'intervention maritime de l'est du Canada, embauchée par CSL pour procéder au nettoyage. Une soixantaine de personnes ont été employées au plus fort de l'opération.