Un accord historique entre les écologistes et l'industrie forestière au sujet de l'exploitation et la conservation de la forêt boréale sera annoncé ce matin.

Selon ce que La Presse a pu apprendre hier, un des principaux sujets de cette entente, en préparation depuis trois ans, est la protection du caribou forestier. Cette espèce est particulièrement sensible au dérangement humain. Sa protection implique la mise en réserve de très grands territoires.

 

L'entente impliquerait les ténors écologistes pancanadiens comme la Fondation David Suzuki, Greenpeace, Conservation de la Nature Canada et la Société pour la nature et les parcs.

Côté industrie, on retrouve l'Association des produits forestiers du Canada et plusieurs entreprises majeures, dont AbitibiBowater, Kruger et Tembec.

Les détails de l'entente seront dévoilés ce matin au cours de deux conférences de presse, l'une à Toronto et l'autre à Montréal.

Selon un article publié la semaine dernière dans The Province, un quotidien de Vancouver, l'entente ressemblera à celle conclue il y a quatre ans au sujet de la forêt côtière de Colombie-Britannique. Écologistes et industriels avaient convenu de quels territoires seraient conservés et lesquels seraient exploités.

Dans les deux cas, une campagne de sensibilisation mondiale menée par les groupes écologistes avait précédé la conclusion d'une entente.

Membre de Nature Québec et professeur d'aménagement durable des forêts à l'Université Laval, Louis Bélanger a suivi les étapes de cette négociation sur la forêt boréale. Il se réjouit de la voir aboutir, sans connaître les détails de l'entente. «On est en mode solution et il est à peu près temps qu'on soit dans ce mode», dit-il.

Impacts différents

Cependant, dit M. Bélanger, l'entente aura des impacts différents d'une province à l'autre. «Au Québec, ça aboutit à un moment où la gestion forestière est en pleine transformation, dit-il. Le gouvernement et les régions vont faire les plans d'exploitation qui vont s'appliquer à partir de 2013. Ce n'est plus l'industrie qui décide. Et en plus, on est en train de travailler sur le Plan Nord.»

«Ce ne sont pas eux (les écologistes et l'industrie) qui écrivent la loi. Il faudra voir comment le décideur, le ministère des Ressources naturelles, va prendre ça en considération.»

«Ailleurs au Canada, c'est encore les sociétés forestières qui font les plans d'aménagement forestier», précise-t-il.

Un rôle important

La forêt boréale canadienne s'étend sur 5,7 millions de kilomètres carrés, soit plus que la superficie de l'Union européenne. Moins de 10% de cette forêt est protégée actuellement.

La forêt boréale joue un rôle important dans l'écologie mondiale. Elle aide à réguler le climat de la planète. En effet, il y a dans le sol et les plantes de la forêt l'équivalent de 900 années d'émissions canadiennes de gaz à effet de serre (GES). Presque un oiseau migrateur sur trois en Amérique en dépend pour sa reproduction. La forêt boréale est aussi très significative sur le plan économique: 7000 entreprises ou usines y sont établies et elles emploient 400 000 personnes.