Le Japon va transmettre à Interpol une demande de mandat d'arrêt international contre le militant écologiste canadien Paul Watson, à la suite d'incidents avec des navires baleiniers nippons en Antarctique en février, ont rapporté vendredi les médias.

M. Watson, fondateur de l'association de défense de l'environnement Sea Shepherd, a immédiatement rejeté ces accusations et s'est dit confiant qu'Interpol ne donnerait pas suite à un mandat d'arrêt «politique».

Le militant est accusé d'avoir entravé les opérations de pêche de la flotte baleinière nipponne en février et d'avoir ordonné à son équipage de lancer des «produits chimiques» contre l'un des baleiniers, au cours duquel un marin nippon aurait été blessé, selon la chaîne de télévision publique NHK.

Les garde-côtes japonais ont obtenu un mandat d'arrêt à Tokyo et vont demander l'aide d'Interpol pour le faire exécuter, ont ajouté la NHK et d'autres médias.

Aucune confirmation n'a pu être obtenue dans l'immédiat auprès des garde-côtes, mais le ministre japonais de l'Agriculture, Hirotaka Akamatsu, a estimé que «le Japon devait prendre des actions décisives».

«Nous ne devons pas laisser ces affaires en suspens. Peu importe qu'ils soient pour ou contre la pêche à la baleine, ce qu'ils ont fait est un crime», a-t-il dit lors d'une conférence de presse.

M. Watson, 59 ans, est le capitaine d'un des navires utilisés par l'association pour harceler les baleiniers, le Steve Irwin.

Dans cette affaire, Sea Shepherd affirme que seul du beurre rance a été lancé contre les baleiniers, comme bombe puante et sans intention de blesser.

Interrogé par la presse japonaise à New York, où il se trouve actuellement, le militant canadien a déclaré que le mandat d'arrêt ne l'inquiétait pas du tout.

«Le mandat est juste entièrement politique, ce n'est rien», a-t-il dit. «Je ne suis pas inquiet et Interpol ne va pas m'extrader sur la base d'une accusation motivée par des arrière-pensées politiques.»

«Nous sauvons les baleines et nous allons continuer à aller dans les mers du Sud», a-t-il ajouté.

Les baleiniers japonais, qui avaient l'intention de tuer 850 baleines de Minke cette année, ne sont revenus dans l'archipel qu'avec 507 cétacés morts, un revers attribué par les autorités nippones aux actions des écologistes.

Un trimaran utilisé par Sea Shepherd pour harceler les pêcheurs a coulé lors de ces opérations, après une collision avec un baleinier. Sea Shepherd a accusé le navire nippon d'avoir sciemment éperonné son trimaran, et le capitaine du bateau naufragé, Peter Bethune, s'était ensuite glissé à bord du baleinier en pleine nuit pour protester.

Il a été amené par les pêcheurs au Japon où il est détenu depuis le 12 mars et inculpé pour coups et blessures, dans la même affaire que celle visant désormais M. Watson.

Le Japon mène chaque hiver une campagne de pêche aux cétacés dans l'Antarctique au nom de la «recherche scientifique», une tolérance de la Commission baleinière internationale qui proscrit la chasse commerciale.

L'archipel ne cache pas que la viande de baleine termine sur ses étals, bien qu'elle ne constitue pas un mets très prisé.

Ses campagnes de pêche suscitent régulièrement des critiques, notamment de l'Australie qui menace de poursuivre le Japon devant la justice internationale.