L'adoption de normes pancanadiennes pour l'assainissement des eaux usées forcera certaines municipalités à délier les cordons de leur bourse, a estimé hier le ministre de l'Environnement, Jim Prentice.

Un projet de règlement, publié en fin de semaine dans La Gazette du Canada et qualifié d'«historique» par le ministre, prévoit en effet que les installations les plus déficientes devront être modernisées d'ici à 2020 et les autres, d'ici 2030 ou 2040, selon le degré de risque qu'elles présentent.

 

«En 2010, on ne devrait pas laisser se déverser des effluents non traités dans notre environnement naturel, dans nos lacs, dans nos rivières, dans nos ports, a dit M. Prentice, en marge de la Journée mondiale de l'eau.

«Il y a évidemment des municipalités où ça continue d'être le cas», a-t-il ajouté, précisant qu'il s'agit d'un enjeu «significatif» pour l'environnement. Le projet de règlement note d'ailleurs que les effluents rejetés par les usines d'épuration des eaux usées représentent «une des plus grandes sources de pollution» des eaux canadiennes.

Du travail à faire

Environnement Canada estime à 6 billions (soit 6 millions de millions) de litres le volume brut d'eaux usées rejetées dans les eaux de surface canadiennes par plus de 3700 municipalités et communautés autochtones qui ont des systèmes d'assainissement. De ce volume, le Ministère estime que 150 milliards de litres «ne sont probablement pas traités», dit le document.

«Ce projet de règlement est extrêmement important parce que, pour la première fois dans l'histoire canadienne, nous aurons une réglementation sur les effluents déversés dans l'environnement pour l'ensemble des municipalités», a souligné M. Prentice. Certaines villes ont déjà corrigé leur système d'assainissement des eaux usées, mais il reste beaucoup de travail à faire, et la facture pourrait s'avérer salée pour les municipalités, a concédé le ministre.

«Pour se conformer au règlement - et donc aux nouvelles normes canadiennes -, les municipalités devront continuer à investir considérablement pour améliorer leurs installations», a-t-il dit, précisant que le gouvernement fédéral avait contribué, dans les dernières années, à plusieurs projets d'infrastructures municipales liés au traitement des eaux usées, notamment par les fonds Chantiers Canada. Ces investissements sont toutefois habituellement partagés également entre le fédéral, le provincial et le municipal, qui a parfois de la difficulté à assumer le tiers de la facture.

Le projet de règlement précise que «la grande majorité des coûts sera à la charge des municipalités, étant donné qu'elles possèdent et exploitent la grande majorité des systèmes d'assainissement au Canada».