L'ONU a demandé à un regroupement de scientifiques indépendants d'évaluer les méthodes et procédures du Groupe intergouvernemental d'experts sur le climat (GIEC), dont les travaux ont été minés par plusieurs scandales ces derniers mois.

Tout en réaffirmant que cela ne remet nullement en question l'existence des changements climatiques, le grand patron des Nations Unies, Ban Ki-moon, a annoncé que le Conseil interacadémique (IAC), une organisation scientifique internationale reconnue, aura la tâche de suggérer des changements à apporter dans les méthodes de travail du GIEC.

Basé à Amsterdam, le IAC est un regroupement, né en 2000, des présidents d'une douzaine d'académies nationales des sciences d'un peu partout dans le monde.

«Cette invitation, faite par le secrétaire général de l'ONU ainsi que par le président du GIEC (Rajendra Pachauri), permettra de guider l'élaboration du 5e rapport d'évaluation du GIEC ainsi que ceux qui suivront», a indiqué le Conseil.

Plus précisément, l'IAC devra mettre sur pied et choisir les membres d'un groupe d'évaluation ad hoc, qui aura pour mandat de présenter des recommandations, d'ici le 31 août prochain, en vue «de possibles révisions des procédures et méthodes» du Groupe d'experts du climat. Il devra aussi suggérer des mesures et des actions pour «renforcer» la capacité du GIEC à plus long terme et «assurer la qualité de ses rapports».

«L'objectif de l'IAC est de veiller à ce que les informations relatives aux changements climatiques soient étayées par des faits scientifiques irréfutables, à partir desquels les gouvernements et les citoyens pourront prendre des décisions en toute connaissance de cause», a indiqué le coprésident du Conseil et Président de l'Académie néerlandaise des sciences, Robbert Dijkgraaf.

Les membres du groupe d'évaluation seront des scientifiques choisis pour leur compétence, leur impartialité et leur absence de conflits d'intérêt, a-t-il ajouté. En plus de travailler bénévolement, ils n'auront aucun lien avec des gouvernements, le GIEC ou les Nations Unies.

Le secrétaire de l'ONU a tenu à préciser que cette décision ne constituait en rien une remise en question des conclusions passées du GIEC, co-lauréat du prix Nobel de la Paix avec Al Gore en 2007. La révision des méthodes de travail des experts du climat est plutôt, selon lui, une façon d'«assurer une totale transparence, exactitude et objectivité et minimiser le potentiel d'erreur» à l'avenir.

«Que ce soit bien clair: la menace posée par le changement climatique est réelle, a précisé M. Ban. Rien de ce qui a été affirmé ou révélé dans les médias récemment ne modifie le consensus scientifique de fond sur le changement climatique.» Rappelons que plusieurs erreurs contenues dans le 4e rapport d'évaluation publié en 2007 ont récemment fait surface, notamment une mauvaise évaluation de la fonte des glaciers de l'Himalaya.

«De manière regrettable, a reconnu Ban Ki-moon, il y a eu un très petit nombre d'erreurs dans le 4e rapport. Mais il faut se souvenir qu'il s'agit d'une synthèse de 3000 pages réalisée à partir de données scientifiques complexes. Je n'ai pas vu de preuves crédibles qui remettent en cause les principales conclusions de ce rapport.» Les membres du IAC proviennent des académies des sciences de 13 pays (Argentine, Australie, Brésil, Chine, France, Allemagne, Inde, Indonésie, Japon, Afrique du Sud, Turquie, Grande-Bretagne et États-Unis) de leurs équivalents dans les pays en développement ainsi que de certaines organisations scientifiques.

Le Conseil est coprésidé par les présidents des académies des Pays-Bas et de la Chine, Lu Yongxiang.